Voilà des années que le décret relatif aux centres de vacances devait être toiletté. Pendant des mois, les acteurs du secteur se sont déchirés surl’orientation générale du texte, principalement sur la question de l’encadrement. Plutôt que de trancher, le gouvernement de la Communauté françaises’est mis d’accord sur un texte qui ne fâche foncièrement personne, mais ne contente pas plus de monde…
Revenons quelques mois en arrière, juste avant la frénésie de la campagne électorale. La planète jeunesse s’impatientait. La révision dudécret sur les centres de vacances semblait faire du surplace entre les cabinets, celui de la ministre CDH Fonck1 chargée des questions d’agrément et desubventionnement, et celui du ministre PS Tarabella2 responsable du volet encadrement (conditions d’homologation des brevets). Le texte peinait à trouver le chemin dugouvernement de la Communauté française, censé le voter avant juillet. « Texte non abouti », « enjeux complexes »,« négociations en cours », « climat non favorable », toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas accélérer la cadence. Lapomme de discorde résidait dans l’encadrement.
En simplifiant le débat, il semblerait que côté socialiste, on ait voulu renforcer l’encadrement par des animateurs dûment brevetés, alors que les humanistesvoulaient plus de souplesse au niveau des assimilations. Les tenants de l’assimilation plaidaient pour que les détenteurs de formations pédagogiques puissent êtreassimilés à des animateurs de centres de vacances, afin de suppléer aux manques de candidats brevetés pendant l’été. Quitte à organiser descentres de vacances avec uniquement des animateurs assimilés, au besoin. Ce souci étant en partie partagé par le cabinet Tarabella soumis à la pression demunicipalités socialistes (et les autres…) qui peinent à garantir l’organisation de plaines de jeux pendant l’été, faute d’animateurs disposant de laformation ad hoc. Un mic-mac politico-politicien qui a eu le don d’agacer les acteurs du secteur Jeunesse pour qui la priorité était la qualité del’encadrement dans les centres de vacances… passant par l’obligation de disposer d’un brevet d’animateur.
Tout ça, pour ça ?
Finalement, personne n’a véritablement gagné la partie. La dernière version du texte a été votée, ses décrets d’application pris et lapublication au Moniteur belge n’est plus qu’une question d’heures. Selon le texte, la qualité est prioritaire, l’encadrement doit être assuré par aumoins un animateur sur trois disposant du brevet… ou à défaut d’un animateur assimilé. « Les discussions ont duré des années avec des points de vuediamétralement opposés entre ceux qui plaidaient pour que les centres de vacances disposent tous d’au moins 30 % d’animateurs brevetés et ceux qui souhaitaientrenforcer les assimilations. Finalement, bon an, mal an, on a établi un texte équilibré qui ne fâche foncièrement personne. Et pour avoir retourné leproblème dans tous les sens, nous savons qu’il n’y a pas vraiment d’alternative… », assure Carlos Crespo, responsable du dossier au cabinet Tarabella. Mettant engarde les déçus, il ajoute tout de même que « ce n’est pas dans l’intérêt des parties de rouvrir les débats sur le sujet durant laprochaine législature ». Assurant que le texte « valorise quand même le brevet », mais « sans force contraignante », ce nouveaudécret ne sert à peu près à rien d’autre qu’à entériner des situations de fait. Pour que les animateurs se forment au brevet, il faudra seulement compter surleur bonne volonté.
Difficile de croire que les plus farouches défenseurs de la professionnalisation de l’accueil se contenteront de cette eau tiède… « Vu les pressions de part etd’autre, le texte est resté en l’état, il est donc insatisfaisant pour toutes les parties ! », résume Geoffroy Carly, président de laConfédération des organisations de jeunesse indépendantes et pluralistes3. « Dans le secteur de l’accueil de l’enfance, il y a unevolonté d’harmonisation des politiques. Je suis convaincu que le débat sera rouvert durant la prochaine législature. » Ceci étant, d’ici lesprochaines vacances scolaires de l’été 2010, les volontaires peuvent entreprendre une formation adéquate en animation de centres de vacances. Au cas où…
1. Catherine Fonck, ministre de l’Enfance, de l’Aide à la jeunesse et de la Santé :
– adresse : bd du Régent, 37-40 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 788 83 11.
2. Marc Tarabella, ministre de la Jeunesse et de l’Enseignement de promotion sociale :
– adresse : place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 250 18 11.
3. La COJ :
– adresse : rue Traversière, 8 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 218 31 03 – site : www.coj.be