La démographie galopante modifie tous les plans des urbanistes bruxellois. Le gouvernement bruxellois a récemment adopté un PRAS démographique qui fait largement débat.
Initié par le gouvernement bruxellois, le PRAS démographique est un plan de planification pour l’aménagement du territoire. Composé de cartes divisant le territoire en zones et de prescriptions définissant l’affectation de chaque zone (habitat, bureau, équipement, espaces verts…), il est l’application dans l’affectation du sol du Plan régional de développement. La révision du PRAS existant nécessite la consultation des dix-neuf communes et du Comité régional de développement. Son adoption n’est donc prévue qu’à la fin de l’année. Objectif ? Répondre à la demande de logements qui naîtra de l’augmentation de la population estimée à 140 000 habitants d’ici 2020. Idée essentielle du gouvernement sous la houlette de son ministre-président Charles Picqué (PS) : sauvegarder le logement existant et renforcer de nouvelles implantations.
Initiative principale, la création d’un nouveau type de zone : la zone d’entreprise en milieu urbain (ZEMU) visant à faire cohabiter l’industrie et le logement sur des terrains qui appartiennent en grande partie à des organismes publics. Six pôles de ZEMU ont été identifiés : Biestebroeck, Birmingham et Erasme à Anderlecht; quai des Usines et Haren à Bruxelles et Reyers à Evere. Selon Charles Picqué, la modification du PRAS permettra d’accueillir au moins 20 000 habitants supplémentaires.
Possible extension des charges d’urbanisme
Autre son de cloche à Inter-Environnement Bruxelles (IEB). « Le PRAS démographique1 ne résoudra rien. Le problème du logement est aigu et va en s’aggravant », assène Mathieu Sonck, secrétaire général de l’association, expliquant que selon lui, les projections démographiques montrent que 75 % des familles nouvelles seront issues des quartiers populaires. « Elles seront en fait incapables de se loger sur le marché privé », estime-t-il.
Pour IEB, le nouveau plan va à l’encontre d’autres fonctions de la ville. Primo, l’économique. « La SDRB reçoit énormément de demandes de terrains d’entreprises. La moitié d’entre elles sont incompatibles avec du logement. Souvent, ces entreprises sont justement les plus pourvoyeuses d’emplois non qualifiés, ceux dont notre région a vraiment besoin », argumente Mathieu Sonck. Deuzio, l’équipement dont le meilleur exemple est La Plaine de l’ULB.
De son côté, le cabinet Doulkeridis (Ecolo) défend la position gouvernementale mettant en valeur un système de captation des plus-values étendant le système des charges d’urbanisme aux projets de logements. « On parle aussi de fixer un quota de logements à finalité sociale dans les projets de logement privés », souligne Michaël François, porte-parole du secrétaire d’Etat au Logement, soulignant que la révision partielle du PRAS ne prévoit pas uniquement l’ouverture de certaines zones industrielles au logement mais prévoit un éventail de mesures favorables au logement comme la limitation de la possibilité d’extension des commerces au premier étage, là où le PRAS actuel permet d’étendre le commerce à tous les étages de l’immeuble.
Quelle alternative au « laissez-faire » ?
Mais à ce stade, personne ne peut donner une idée du nombre de logements publics qui pourront être créés, ce qui fâche particulièrement IEB. « Ce PRAS démographique, c’est la politique du « laisser-faire ». On a déjà vu avec le marché des bureaux que l’autorégulation ne fonctionnait pas », dénonce-t-il.
Le porte-parole du secrétaire d’Etat souligne encore les acquis depuis le début de la législature dans la lutte contre les logements inoccupés : la création d’un programme de rénovation qui permet d’envisager la sortie de crise à Floréal, la création d’un nouveau service en 2011 au sein de l’administration qui vise à remplacer progressivement les systèmes communaux de taxation par une amende régionale, les appels à projets ayant permis la transformation de huit complexes de bureaux en logements pour un total de 450 logements.
Mathieu Sonck veut qu’on aille plus loin et qu’on intensifie cette politique volontariste de lutte contre les logements inoccupés et de réaffectation des bureaux vides. « Mais surtout, il faut reprendre la maîtrise du foncier et réguler, voire bloquer les loyers », propose-t-il, prévoyant le développement des logements de luxe le long du canal pour seul effet concret de cette adaptation du PRAS. Reste au projet à passer l’enquête publique… Simple formalité ?
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