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Regard critique · Justice sociale

Formation

Un premier master en alternance
pour Bruxelles

Un master en alternance sera organisé cette année à Bruxelles. Reste à trouver des entreprises pour accueillir tous les étudiants.

Un master en alternance sera organisé cette année à Bruxelles. Reste à trouver des entreprises pour accueillir tous les étudiants.

Alors que la Wallonie compte déjà quelques masters en alternance, Bruxelles en était jusqu’ici dépourvue. Ce manque sera bientôt comblé puisque l’Ichec et l’Ecam organiseront cette année un master en alternance en «Business Analyst». L’événement n’est pas anodin: il s’inscrit dans un contexte où les trois niveaux de pouvoir dont dépend l’alternance – Communauté française, Cocof et Région wallonne (voir encadré) – tentent de redorer le blason d’une filière souvent considérée comme un pis-aller. La création de ce master participe de ce mouvement.

L’alternance

La formation en alternance permet à des jeunes de se former en alternant formation théorique et pratique professionnelle en entreprise. En Belgique francophone, trois types de structures organisent de la formation en alternance. Elles dépendent de trois niveaux de pouvoir différents. Il s’agit:

  • des centres d’éducation et de formation en alternance (CEFA) pour la Communauté française;
  • du Service Formation PME pour la Cocof;
  • de l’Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et PME (Ifapme) pour la Région wallonne.

À cela est venue s’ajouter depuis peu la création de masters en alternance dans le supérieur, dépendant de la Communauté française.

Notons toutefois quand, dans le cadre du master bruxellois, l’initiative a pu bénéficier d’un petit coup de pouce d’un quatrième niveau de pouvoir. C’est en effet Didier Gosuin (Défi) – par ailleurs ministre Cocof de la formation, en charge du SFPME (voir encadré) – qui a octroyé une aide de 60.000 euros aux deux écoles en tant que ministre régional bruxellois de l’Économie. Ce budget a notamment servi aux écoles pour s’équiper ou pour organiser leur communication concernant le lancement du master. «Ce sont les écoles qui sont venues me trouver, explique Didier Gosuin. Vu que cela collait avec le plan Nexttech – NDLR: destiné à promouvoir l’entrepreneuriat TIC à Bruxelles et qui a été lancé par Didier Gosuin –, qui prévoit d’augmenter le nombre de programmes en alternance, j’ai pu les aider.»

«Pour les entreprises, cela reste un problème culturel: prendre en charge un étudiant qui n’est pas encore totalement productif est compliqué.», Philippe Dekimpe, chef du département électronique et informatique à l’Ecam

Bien sûr, l’Ichec et l’Ecam seront également financés par la Communauté française pour l’organisation de ce master. «Mais étant donné que les financements de la Communauté française arrivent parfois avec deux à trois ans plus tard, cet argent en provenance de Bruxelles nous a permis de soutenir le lancement du master, qui engendre certains surcoûts», explique Thierry Van den Berghe, professeur en ICT à l’Ichec.

Une entreprise, vite!

Reste à voir si les entreprises vont suivre. Car il en faut pour accueillir les étudiants en alternance. Le 26 septembre dernier, Agoria, la Fédération des entreprises de l’industrie technologique, a donc organisé un speed dating censé permettre aux étudiants de trouver une entreprise pouvant les accueillir. Une tâche pas forcément aisée: l’alternance reste très mal connue en Belgique. «Nous avons fait un travail de ‘recrutement’ des entreprises avec Agoria, explique à ce propos Thierry Van den Berghe. Ce n’est pas toujours facile. Dès qu’elles entendent qu’il y a une rémunération pour les étudiants – NDLR: on parle d’un peu moins de 800 euros brut par mois par étudiant, à charge de l’entreprise –, les entreprises tiquent.»

Un détail ne trompe pas: lors du speed dating, les organisateurs tablaient sur 30 à 35 jeunes participants au master. Deux semaines plus tard, on parlait d’environ 25 jeunes dont une partie cherche encore une entreprise pouvant les accueillir. «Certains ont contacté quinze ou vingt employeurs, souligne Philippe Dekimpe, enseignant et chef du département électronique et informatique à l’Ecam. Pour les entreprises, cela reste un problème culturel: prendre en charge un étudiant qui n’est pas encore totalement productif est compliqué.» Les écoles ont donné un «rab» aux étudiants jusqu’à la Toussaint pour se trouver une entreprise. Ceux qui auront toujours fait chou blanc à ce moment-là seront alors désinscrits…

En savoir plus

«Formation en alternance: une histoire de titres et d’homologation», Alter Échos n°438 du 05/2/2017, Julien Winkel.

«Formation en alternance: le jour de gloire est arrivé?», Alter Échos n°395 du 21/1/2015, Julien Winkel.

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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