Les habitants de Saint-Léonard, à Liège, se sentent souvent dérangés par la présence de Tziganes sur le terrain de l’ancienne brasserie Haecht,ainsi qu’au parking de Coronmeuse (toutefois actuellement inaccessible aux caravanes). Après le discours d’un membre du Comité sur les gens du voyage, Jean-Marie Delhaye,président du Comité de quartier de Saint-Léonard1, s’est dit prêt à accueillir les Tziganes.
Méfiance
Les plaintes figurent souvent au programme des assemblées des riverains. Pourquoi ? Selon Freddy Ingenito, invité dernièrement pour en parler, « les gens voient lesTziganes comme des personnes différentes. Ils s’habillent différemment, ils vivent dans des caravanes… Donc ils inspirent la méfiance. Beaucoup de bruits courent surdes vols et des agressions : ce sont souvent des rumeurs. Je ne dis pas qu’ils sont tous gentils, mais ce n’est pas différent dans la société belge ». Freddy Ingenito arencontré des Roumains qui parlent napolitain et se débrouillent en français. « Il y a moyen d’entrer en contact, dit-il, mais ils se méfient de nous aussi.» De quoi vivent-ils ? « Du ramassage et de la transformation de métaux, de la vente et de la réparation des voitures, du travail dans les sociétésd’intérim… ». De la mendicité aussi ? « Effectivement, répond-il, les femmes et les enfants mendient. Et les plus âgés se renseignentnotamment dans les cafés sur ce que les gens attendent comme services : jardinage, réparation d’un toit… Des petits boulots, sans registre de commerce. »
Pas la charité
Ce qu’ils demandent? « Des terrains plats pour leurs caravanes, avec un point d’eau et des toilettes en suffisance, répond Freddy Ingenito. Ils sont d’accord de payer,par exemple avec un système à cartes. Certains sont riches et pas spécialement parce qu’ils ont volé, mais parce qu’ils ont un travail ».Dernièrement, les riverains ont été alertés par des flammes sur le territoire de la brasserie : « C’était un feu de camp autour duquel ils serassemblent et discutent, explique Freddy Ingenito. Ce sont des gens qui aiment faire la fête. Les enfants peuvent d’ailleurs choisir la caravane où ils vont manger et dormir». En France, la législation impose aux municipalités de plus de 5000 habitants d’aménager un terrain (payant, avec point d’eau…) pour les gens du voyage.Et Freddy Ingenito de souligner : « Ils ne demandent pas qu’on leur fasse la charité. On dit aussi très souvent d’eux qu’ils sont sales : c’est faux : lescaravanes sont nettoyées à fond une fois par semaine ».
Au bout de l’impasse Macors ?
Pour Jean-Marie Delhaye, président du Comité de quartier, « ce discours permet de poser un autre regard sur les Tziganes. Le problème de leur accueil était souventabordé en termes de crasses, de bornes d’eau ou d’incendie qu’ils laissent couler ». Les habitants accepteraient-il de « céder » un terrain aux gensdu voyage? À cette question Jean-Marie Delhaye répond :« Personnellement oui, dit-il, car le quartier dispose de zones vertes aménageables. C’est vrai qu’on aun fort a-priori : image de rapine, voleurs, gosses qui ne vont pas à l’école… Je crois qu’il ne faut pas s’arrêter à ces images. On a pu êtreaccueillant envers toute une population étrangère et cela fait la richesse du quartier. Pourquoi ne pas augmenter cette richesse avec une population tzigane ? » Sur quel terrainJean-Marie Delhaye propose « l’ancien site de charbonnage (plat) au bout de l’impasse Macors sur les Coteaux de la Citadelle ». Et de suggérer une rencontre avec lebureau Pluris2, chargé par la Ville du plan d’aménagement autour de l’ancienne brasserie Haecht (Vivegnis, Coteaux, Belgacom et chemin de fer).
Les pit-bull des gitans au Thier-à-Liège
De leur côté, les habitants du quartier du Thier-à-Liège3 ont interpellé dernièrement l’échevin des Sports et de la Jeunesse, Miguel Mevis, surla présence de gitans près du club de football La JS Thier (147 jeunes, 2e5provinciale), à côté du cimetière de Sainte-Walburge : « Nousdénonçons leur incivisme depuis plusieurs années, se plaint le responsable du club : des coups de fusil, des brûlures de pneus pendant les entraînements des jeunes,des lancements de pierres de la part de gamins de 5 ou 6 ans, des menaces envers les jeunes joueurs de lâcher les pit-bull… Et des rats dans la buvette à cause des détritusdes gitans ». Miguel Mevis a répondu qu’il visitera les installations.
1 Comité de quartier de Saint-Léonard, rue du Pommier 25 à 4000 Liège, tél. : 04/227 41 63.
2 Bureau Pluris : 04/223 77 64.
3 Comité de quartier du Thier-à-Liège, rue de la Barrière 1 à 4000 Liège, tél. : 04/227.46.53.
terry
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