Une agence d’intérim pour les séniors bruxellois

Une agence d’intérim (« MLD intérim »)¹ pour séniors vient de s’ouvrir à Bruxelles. Le projet devrait faire partie, l’année prochaine, d’un plus vaste projet de centre pour séniors.

La question de l’emploi des « personnes âgées » est depuis longtemps un sujet de discussion intarissable. (ré)Insertion des chômeurs de plus de 50 ans sur le marché du travail et possibilité pour les pensionnés de travailler jusqu’à certains plafonds de revenus (voir Alter Echos n° 277 du 14 juillet 2009 : « Les pensionnés au travail ? Une histoire de plafonnement ») suscitent, de façon sporadique, le débat. Dans ce contexte, une initiative mise en place à Bruxelles fait, déjà, parler d’elle : la création d’une agence d’intérim destinée spécifiquement aux séniors et aux pensionnés. Mise en place par Daddy Dokolo, la structure a pour ambition d’accueillir en son sein toute personne à partir de 45 ans en recherche de travail. S’il n’y a pas de limitation à l’ancienneté des travailleurs (le slogan de l’agence est « 79 years for life »…), c’est plutôt le facteur santé qui est pris en compte. « Nous opérons une sélection de nos travailleurs sur base d’un certificat médical, explique Daddy Dokolo. Il faut bien sûr que les gens qui se présentent à nous soient en bonne santé. »

Ouverte depuis le début du mois d’avril, l’agence n’a cependant pas encore commencé à placer ses travailleurs puisqu’elle attend encore une réponse « dans les semaines qui viennent » quant à un éventuel agrément. Cela dit, d’après notre interlocuteur, les candidats travailleurs sont de plus en plus nombreux, au nombre de 100 à 150 aujourd’hui. « La situation économique compliquée fait aussi que nombre de personnes se présentent à nous pour travailler alors qu’elles ne sont plus en état de le faire », note Daddy Dokolo.

« Les séniors sont dévalorisés »

C’est notamment le constat de la situation difficile dans laquelle certains séniors se trouvent qui a poussé notre interlocuteur à ouvrir MLD intérim. « J’ai dirigé plusieurs sociétés de services et beaucoup de personnes âgées venaient toquer à ma porte. J’étais désolé de ne rien pouvoir faire pour elles », souligne-t-il en insistant sur le fait que son initiative entend servir la cause des séniors. « Nous vivons dans une société où les séniors sont dévalorisés, mis sur le côté. Vous essayez d’obtenir un prêt ? On regarde directement votre âge. Mon but ici est d’aider les personnes âgées, de montrer ce qu’elles peuvent faire. Quand je vais voir les entreprises, un de mes arguments est d’ailleurs de dire que les séniors sont directement opérationnels, ce qui n’est pas toujours le cas des jeunes. »

D’après notre interlocuteur, les entreprises se montreraient d’ailleurs assez ouvertes à ce type d’arguments (« Sinon je ne ferais pas toutes ces vagues », sourit-il), même si à l’heure actuelle il préfère rester discret sur les candidats potentiels et qu’il dit être conscient des limites liées au secteur, notamment pour les pensionnés qui ne peuvent travailler plus que certains plafonds de revenus. Tout en soulignant le fait qu’il entend travailler à faire évoluer les choses.

Daddy Dokolo souhaite également aller plus loin dans sa démarche en créant un centre culturel pour séniors au sein duquel l’agence d’intérim ne serait qu’une des composantes. « Les locaux que vous voyez ici ne sont que provisoires. Le but final est d’ouvrir, à Uccle l’année prochaine, un centre qui comprendrait une cafétéria, un centre de documentation/bibliothèque, un service qui organiserait des activités “extra”, et qui permettrait également aux séniors de se réunir et de se faire entendre, notamment du politique et de dire “Voilà qui nous sommes et ce que nous savons faire”. Il s’agira aussi de les sortir de l’isolement, de leur faire comprendre que le marché du travail ne leur est pas fermé et de les tenir au courant de l’évolution de la législation en la matière. »

Point important : ce centre culturel serait géré par les séniors eux-mêmes. « La société sera à eux, le directeur et les employés seront également des séniors. J’ai ici un rôle d’initiateur du projet », conclut-il.