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Regard critique · Justice sociale

Une aide pour améliorer les logements « différents »

La Région wallonne planche sur l’octroi d’une aide pour améliorer la qualité des habitations des zones d’habitat permanent. Mais les personnes précaires sauront-elles préfinancer les travaux ?

La Région wallonne planche sur l’octroi d’une aide pour améliorer la qualité des habitations des zones d’habitat permanent. Une révolution en soi, pour sécuriser des personnes installées dans le précaire. Mais sauront-elles préfinancer les travaux ?

Pas facile de reloger les 10 000 Wallons vivant dans des caravanes et chalets des zones touristiques. Lancé en 2002, le Plan Habitat permanent – dit HP – a pour but de rendre à ces sites leur vocation initiale, et donc de reloger les plus précaires sur base volontaire. L’avant-projet de décret instaurant une aide pour les habitations améliorables adopté par le gouvernement wallon le 28 mars dernier va-t-il à courant du dispositif ? Du tout. « On sait qu’on ne va pas pouvoir reloger tout le monde du jour au lendemain, nous précise-t-on au Cabinet du ministre du Logement, Jean-Marc Nollet. Pour ceux qui ne vont pas être relogés toute de suite, ce serait hypocrite de dire « Non, on ne les aide pas, car ils ne devraient pas être là ». Le but final reste de les reloger, mais, dans l’intervalle, on ne peut pas les laisser dans des situations dangereuses. » La prime va donc permettre à des ménages jusqu’ici exclus du système – « parce qu’occupant un habitat alternatif » – d’être soutenus.
 
Les personnes vivant en logement HP pourront donc réaliser des travaux « pour rendre leur habitation plus sûre, plus confortable et plus durable ». Une prime comprise entre 500 et 2 000 euros leur sera octroyée pour financer l’amélioration du système de chauffage, de l’installation électrique et/ou de gaz, de la toiture, la ventilation, la protection de l’habitation contre les intempéries, etc. Ils pourront en faire la demande à l’administration du Logement. Un expert aidera les personnes à cibler les travaux prioritaires. La prime ne sera accordée qu’aux occupants. Une disposition empêchera également le bailleur d’augmenter le loyer du logement suite à ces travaux. Les délais de traitement des dossiers seront raccourcis afin que les paiements soient versés rapidement aux bénéficiaires. « La prime sera perçue une fois les travaux effectués », précise le communiqué du gouvernement wallon.
 
Une prime, vraiment ?

Le concept de prime laisse dubitatifs certains acteurs de terrain, comme Lutte-Solidarités-Travail (LST)1 et Solidarités nouvelles2. Si tous deux saluent des lois visant à amener un mieux-être pour le logement des plus précaires, ils se demandent comment ces derniers vont pouvoir avancer l’argent. La piste du préfinancement avait été proposée. Sur cette question, on a une vision nuancée au Cabinet du ministre du Logement : « On n’est pas fermé à des dispositifs où il serait question de prêts… Si c’est possible dans notre cadre réglementaire. Le préfinancement est plus compliqué. Si les gens ne font pas les travaux, il faut courir après. » Et on attend l’avis du Conseil supérieur du logement3. Or, celui-ci, dont la rédaction vient d’être clôturée, fait l’impasse sur le mécanisme de préfinancement, car il nécessiterait « un déploiement considérable de moyens ». Et de suggérer « d’explorer la piste de l’octroi de l’aide sous forme d’allocation ».

Le Plan HP en bref

Lancé en 2002, le Plan d’action pluriannuel relatif à l’habitat dans les équipements touristiques prévoit de reloger les populations précarisées, d’empêcher toute nouvelle installation de résident permanent, et, dans certains cas, de reconvertir les domaines en zones d’habitat. Vingt-neuf communes sont impliquées. Les populations installées sur ces sites présentent des profils parfois fort différents : retraités, personnes en transit vers d’autres formes de logements, marginaux…

Aller plus loin

Alter Echos n° 350 du 03.12.2012 : Des lois en marge des logements alternatifs

Alter Echos n° 341 du 22.06.2012 : Habitat permanent (HP) : dans la confusion, chacun agit à sa guise

Baudouin Massart

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