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Regard critique · Justice sociale

Une année citoyenne à Braine-l'Alleud

Le concept « année citoyenne » favorise le développement personnel et l’intégration des jeunes par des services rendus à la collectivité.Né à Bruxelles, il s’étend peu à peu. Ici, à Braine-l’Alleud.

19-03-2011 Alter Échos n° 312

« L’année citoyenne » fait des petits. Cette idée, née à Bruxelles, est destinée à se répandre grâce au RéseauSolidarcité. L’année citoyenne propose de favoriser le développement personnel et l’intégration des jeunes par des services rendus à la collectivité.Reportage à Braine-l’Alleud.

C’est carnaval ! Déguisements et cotillons au programme. A Braine-l’Alleud, huit jeunes de 18 à 25 ans ont encadré, animé et aidé une vingtained’écoliers dans la conception de masques, robes et autres accoutrements festifs. Ils participent à « l’année citoyenne », sous la houlette d’Adil El Adek,animateur au service d’aide en milieu ouvert (AMO) Color’ados1.

Le concept « année citoyenne »

L’année citoyenne se démultiplie. Ce projet, né à Bruxelles, ne cesse de séduire. Pour rappel, il s’agit de proposer à des jeunes de milieux sociauxhétérogènes – tout en donnant la priorité à ceux qui connaissent plus de difficultés sociales – de prendre part à un projet citoyen.Pendant plusieurs mois, ces jeunes de 16 à 25 ans contribuent à renforcer la solidarité moyennant un faible défraiement. Services à la collectivité,rencontres et formations favorisent le développement personnel de ces jeunes et leur intégration dans la société. Il y avait « Solidarcité »à Bruxelles et Liège. Il y a depuis 2010 le « réseau solidarcité » composé de quatre membres qui proposent une année citoyenne : LaChaloupe à Ottignies, AJMO à Charleroi et Color’ados à Braine-l’Alleud.

« Je voulais me plonger dans la réalité du monde », nous dit Violaine, une des huit participants à l’année citoyenne de Color’ados àBraine-l’Alleud. C’est un parcours personnel plutôt hachuré, faits de doutes et d’abandons d’études, qui a convaincu Violaine que cette « reconnection »à la réalité extérieure était nécessaire. Elle voulait devenir journaliste, maintenant, elle ne sait plus très bien, mais s’imagine bien dansl’animation, la formation. L’atelier « carnaval » avec les écoliers et la formation qui l’a précédé l’ont vraiment intéressée. Ce quiest sûr, c’est qu’elle découvre chaque jour de nouvelles aptitudes. « L’année citoyenne, ça ouvre des portes. Avant, on ne se rend pas compte qu’on peut faireautant de choses. Entre les formations animation, plafonnage et électricité, suivies d’actions concrètes comme dégager la réserve naturelle de Genappe, ondécouvre aussi nos limites, ce que l’on ne veut pas faire. »

L’aspect insertion socioprofessionnelle fait clairement partie des objectifs de l’année citoyenne. D’où l’importance des formations, comme nous l’explique Adil El Adek, de Color’ados: « Les jeunes découvrent des métiers, font des rencontres. Mais l’idée est de ne jamais les envoyer comme ça, démunis sur le terrain. Il y a toujoursdes formations en amont. La semaine passée, ils ont reçu une formation animation pendant quatre jours. » Et des formations, ils en reçoivent car en six mois, lesjeunes sont mobilisés sur plusieurs projets. Il peut s’agir de la rénovation légère de bâtiments, d’activités intergénérationnelles,d’entretiens d’espaces verts, donner des coups de main aux associations du coin. Ces mille et une choses qui facilitent la vie en collectivité. Les jeunes reçoivent 10 euros par jour encontrepartie des services rendus. Certainement pas un salaire, mais un défraiement « pour que ça ne leur coûte rien », dit Adil El Adek.

« On a blindé de points communs »

Outre l’insertion socioprofessionnelle, les participants au projet insistent sur la plus-value humaine de l’année citoyenne. « Les jeunes font beaucoup de rencontres, c’est unversant humain essentiel, nous explique Adil El Adek. Des jeunes très différents se côtoient. Il peut y avoir un jeune qui a arrêté ses études et veut faireune pause, se donner du temps, faire du volontariat. Comme des jeunes en décrochage qui ont arrêté l’école et ne savent pas quoi faire. Certains sont suivis par le Serviced’aide à la jeunesse. » Ce sentiment d’ouvrir ses horizons au contact de l’autre, Violaine le partage pleinement. « On vient tous d’un milieu social différent. Ily a des jeunes que j’aurais pas rencontré sans l’année citoyenne, que j’aurais peut-être même critiqués alors qu’on a blindé de points communs, çapermet de s’ouvrir aux autres », nous dit-elle, enjouée.

Dans quelques jours, les huit volontaires de Color’ados vont poursuivre leur bonhomme de chemin en assistant à un match de basket. A cette occasion ils vendront des tee-shirts au profit del’association « special olympics » qui milite pour l’intégration des handicapés mentaux par le sport. Puis dans quelques mois, l’année citoyenne seterminera. Elle aura certainement changé les perspectives de ces huit jeunes.

1 Color’ados :
– adresse : avenue Léon Jourez, 83/2 à 1420 Braine-l’Alleud
– tél. : 02 348 04 59
– courriel : info@colorados.be
– site : www.colorados.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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