Panique au logement social, c’est la bande-dessinée que Le Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat vient de publier sur la problématique du manque de logement social à Bruxelles. Une façon ludique, et même humoristique, de révéler au grand public les tenants et aboutissants de cette problématique complexe.
Les chiffres, on les connaît: 43.300 ménages sont inscrits sur une liste d’attente pour obtenir un logement social à Bruxelles. Il y a dix ans, elle en comptait un peu plus de la moitié. La production de logements sociaux est quant à elle de 111 logements par an… C’est pour éveiller l’opinion publique à cette problématique et secouer le monde politique que le Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat, plateforme d’associations bilingues qui défendent le droit à l’habitat et l’accès au logement, a créé la bande-dessinée Panique au logement social, tirée à 5.000 exemplaires à destination des associations et du grand public. «On a voulu montrer simplement et avec une dose d’ironie à l’opinion publique pourquoi la production de logements sociaux piétinait, et pourquoi il y avait de quoi se faire du souci. Une bande dessinée est un support plus accessible que nos longues études sur cette problématique très complexe et peu sexy», explique Carole Dumont, chargée de projet au RBDH et co-scénariste.
L’histoire commence dans une petite agence immobilière. Un jeune couple cherche à louer un logement à Bruxelles. Leur enthousiasme retombe comme un soufflé quand ils se rendent compte que leur budget ne leur donnera pas la possibilité de se loger dans le parc locatif privé. Ils rentrent dans les conditions du logement social, comme 50 pourcents des Bruxellois, et vont donc compléter la longue liste d’attente pour ce type de logements.
La bande dessinée, pédagogique et non dénuée d’humour, est aussi un coup de gueule contre le Gouvernement bruxellois. «Il a discours très ambigu, des promesses massives et peu de résultats. 6.500 logements sont censés être construits d’ici 2020. Il y en a eu environ un millier depuis 2005, c’est-à-dire 111 logements par an, c’est dérisoire», déplore Carole Dumont.
La bande-dessinée déconstruit aussi l’argument du manque de foncier, régulièrement avancé par les politiques. «Les terrains sont là, mais on ne veut pas y faire des logements sociaux, assène la coordinatrice du RBDH, nous évoquons dans la BD le projet de dix nouveaux quartiers, 289 hectares au total c’est-à-dire l’équivalent de 412 terrains de foot. 12.000 logements sont prévus sur ces terrains. Il y a un seul endroit où l’on parle de logement social, c’est à Josaphat et le chiffre de 486 est avancé…»
Les opérateurs de logement ne sont pas épargnés non plus. La Société de Logement de la Région de Bruxelles-capitale en tête, représentée comme un super-héros qui ne tient pas sa promesse d’acheter des terrains – publics, encore moins privés – pour en faire des logements. Un tacle justifié, selon Carole Dumont: «Elle manque de proactivité, on a l’impression que cette structure n’a jamais rien anticipé… Elle n’a jamais acheté aucun terrain à l’époque où c’était encore possible au niveau des prix.»
City Dev et le Fonds du logement sont moins gratinés, car pour le RBDH, «ils sont capables de faire avancer la cause qui est la leur… qui n’est pas la construction de logement social», rappelle la coordinatrice.
Les questions de rénovation et des immeubles inoccupés n’ont pas été abordés pour aborder de manière complète la question de la construction. La BD se clôture sur plusieurs mesures qui permettraient d’aboutir à la construction de 1.000 logements sociaux par an: hausse de la taxe foncière, interdiction de vendre des terrains publics aux promoteurs privés, des charges d’urbanisme qui se traduisent en construction de logement et non par une charge financière au rabais. Et en guise de conclusion, le RBDH rappelle aussi que d’autres mesures sont nécessaires comme l’encadrement des loyers.