La Miresem1 (Mission régionale pour l’emploi et l’insertion de l’Entre-Sambre-et-Meuse) a adopté depuis peu la méthode « IOD » (interventionsur l’offre et la demande) dans le cadre de son travail d’insertion.
Tout a commencé en 2009 lorsque la Miresem répondit à une invitation d’Ecolo, à Bruxelles. Il s’agissait de rencontrer certains représentants de Transfer, uneassociation française basée à Bordeaux dont l’objectif est de promouvoir la méthode « IOD ». Une méthode qui part du postulat qu’aucundemandeur d’emploi n’est inemployable et que ce n’est pas en demandant aux candidats pas ou peu qualifiés de s’adapter au marché du travail que l’on risque d’atteindre certainsobjectifs d’insertion mais plutôt en opérant un rapprochement entre le monde des entreprises et ces mêmes candidats.
Exit le CV
Aujourd’hui, deux ans plus tard, les choses ont bien évolué puisque la Miresem s’approprie peu à peu cette méthode, avec l’aide de Transfer. « En ce qui nousconcerne, nous avons à l’heure actuelle deux binômes composés d’un accompagnateur et d’un prospecteur qui travaillent à l’aide de l’IOD », explique PierreConreur, directeur de la Miresem. Concrètement, le rôle du prospecteur est de créer et d’entretenir un réseau d’entreprises prêtes à s’investir dans ladémarche. Des entreprises qui s’engagent à certaines choses bien précises : censées réfléchir en termes de postes à pourvoir et de travailà effectuer plutôt que de se centrer sur le candidat lui-même, elles sont invitées, en compagnie du prospecteur, à établir un descriptif plus quedétaillé du poste à pourvoir. Poste qui sera ensuite proposé par l’accompagnateur à un seul demandeur d’emploi pouvant convenir, celui-ci se voyant ainsidirectement proposer une fonction détaillée et compréhensible, sans se sentir enfermé dans des considérations relatives à l’employabilité, l’accentétant mis sur ses qualités en dépit d’un niveau de qualification assez faible.
Fini donc les curriculum vitae à envoyer et les entretiens d’embauche à potentiel discriminants. Place à un rôle proactif de la part de la Miresem puisque cettedernière, une fois l’offre acceptée par le demandeur d’emploi (que l’on appelle « Pro »), met alors en place un « entretien de mise enrelation » mettant le « pro » et le responsable de l’entreprise en présence. Si le contact passe, l’embauche est alors entérinée, avec certainesconditions. Il s’agit en effet ici de privilégier des contrats temps plein, à durée indéterminée, la qualité et la stabilité de l’emploi comme garantde la fidélité du travailleur étant également une des caractéristiques de la méthode IOD.
Une fois le pro au travail, un accompagnement dans l’emploi, particulièrement poussé dans les premières semaines, est mis en place.
Un travail plus en profondeur ?
Appliquée au travail de la Miresem depuis mi-2010, la technique IOD semble en tous cas fonctionner, même si à l’heure actuelle elle ne concerne que le travail effectuéavec les jeunes peu qualifiés des quartiers dits « prioritaires ». Cent cinquante-cinq jeunes auraient ainsi été suivis, cent-dix d’entre eux ayantdécroché un contrat. « Cela fonctionne très bien, explique Pierre Conreur. Les jeunes, assez impatients, sont heureux de se voir proposer une série d’offres[NDLR : trois en général] tout de suite, par ailleurs très détaillées et compréhensibles, ce dont ils n’ont pas l’habitude. Il y a d’ailleurs de plus en plusde jeunes qui viennent nous voir à ce sujet. Et en ce qui concerne la qualité de l’emploi, il nous fallait avant trois ou quatre contrats par travailleur avant d’arriver à un CDIou un CDD de qualité. Aujourd’hui, nous y arrivons souvent du premier coup. »
Si le changement paraît donc spectaculaire, comment l’expliquer alors que la méthode semble préconiser certaines choses déjà mises en place par les Mire ? «C’était la première réaction de l’équipe, sourit notre interlocuteur. On nous a dit : « Mais on fait déjà ça ». Et je serais tenté de direoui, mais pas autant que nous le croyions. Nous nous disions peut-être : « Telle personne ne va pas convenir pour tel poste ». Et pour les entreprises, nous n’y allions pas vraiment, ons’arrêtait trop à leur porte. Aujourd’hui, nous allons plus au fond des choses. »
Une refonte du travail impliquant l’équipe qui, à terme, pourrait fonctionner dans son ensemble sous format IOD. Formée depuis début 2010 par Transfer (la formation estpayante), celle-ci est donc suivie de près par l’association bordelaise, au même titre que la Mire, qui adresse des rapports chaque semaine à l’association française.« Il y a une méthodologie, des tableaux. Cela nous permet de nous remettre en cause de manière permanente, de réajuster notre action », conclut PierreConreur. A noter que la méthode IOD pourrait également être exploitée par d’autres Mire.
1. Miresem :
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