Pendant six mois, l’opération de sensibilisation «Enragez-vous» a sillonné le Brabant wallon pour sonder ses habitants.
Sur le tableau noir, les élèves se suivent les uns après les autres pour élire les «merveilles» et les défis de leur commune, Mont-Saint-Guibert. Ils ont entre 11 et 12 ans, et même si pour l’instant, ils n’ont pas encore l’âge de voter, cela ne les empêche pas d’avoir un avis bien tranché sur la vie quotidienne de leur localité. L’un s’inquiète de la sécurité aux abords de l’école, l’autre voudrait qu’on rénove le cimetière, tous regrettent le manque de commerces ou de loisirs pour les enfants… Dans l’école communale du Bon Départ de Mont-Saint-Guibert, la Coordination éducation permanente du Brabant wallon a déposé ses valises pour la journée, après avoir parcouru pendant six mois, de janvier à juin, les 27 communes du Brabant wallon. La volonté est de donner la parole à tout le monde, sans distinction, y compris aux jeunes ou à ceux qui ne veulent plus s’intéresser à la politique. «On crée un immense réservoir à idées pour dire à ceux qui vont diriger la commune: ‘Voilà les priorités de vos citoyens’», explique Stéphane Vanden Eede, chargé de mission pour cette vaste opération.
«C’est la plus grande consultation citoyenne jamais organisée en Wallonie. On a recueilli plus de 20.000 idées. Dans chaque commune, des partenariats se sont noués avec près de 200 acteurs locaux durant l’opération. Cela a mobilisé des partenaires très différents avec à chaque fois 27 histoires diverses, mais aussi une relation aux politiques variée: certaines communes étaient très enthousiastes, d’autres très hostiles, ne voulant rien savoir de notre initiative», poursuit-il.
L’opération gardera un œil sur la mise en œuvre des souhaits exprimés par les citoyens.
À Mont-Saint-Guibert, 7.500 habitants (sur les 7.652) ont ainsi communiqué leurs idées pour l’avenir de leur commune, avec un total de 626 idées. Ils ont ensuite pu voter pour leurs cinq défis et merveilles prioritaires. Parmi ceux-ci: amélioration de la sécurité routière ou de la propreté publique…
«Il n’y a rien à faire, il faut aller au contact, sur les marchés, dans les écoles, les maisons de repos. Les gens se lâchent à chaque fois. On a eu énormément de critiques de la part du politique parce qu’on s’appelait ‘Enragez-vous’, en nous disant que c’était populiste. Or, les idées recueillies sont très pragmatiques. Les idées réactionnaires ont été extrêmement minoritaires, et, dès qu’il y en avait une, d’autres citoyens proposaient des antidotes. L’expression de repli est finalement limitée, et c’est tant mieux. À côté de cela, la majorité des défis sont liés à la vie quotidienne. Ce sont rarement des souhaits démesurés. Il y a aussi beaucoup de questions qui vont dans le sens d’un développement durable, à travers le soutien au petit producteur, même si les citoyens n’emploient pas le terme en tant quel», continue Stéphane Vanden Eede.
Tous les avis, réflexions et idées collectés ont été synthétisés, commune par commune, et seront proposés aux candidats. Libre à ceux-ci de les intégrer ou pas, mais, à l’issue du scrutin, l’opération gardera un œil sur la mise en œuvre des souhaits exprimés par les citoyens: une évaluation, commune par commune, se tiendra en fin d’année afin de savoir ce qui aura été retenu par les équipes en place.
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Alter Echos, «Jonathan Durand Folco : «Les communes doivent devenir des communautés politiques gérées par et pour les citoyens»», Manon Legrand, 9 mars 2018