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Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

Une « maison pour ados » à Charleroi

A Charleroi, un tout nouveau service à destination des adolescents a ouvert ses portes dans la discrétion. Où l’on reparle de transversalité.

29-10-2010 Alter Échos n° 304
Pexels, mar-newhall

La Maison de l’adolescent a ouvert ses portes en avril dernier. Son premier objectif : proposer aux ados une prise en charge rapide et globale. L’ensemble des acteurs qui gravitent autour des jeunes y est convié pour se rencontrer et échanger.

Elle est née sans faire-part, au mois d’avril, dans la discrétion. La toute première Maison de l’adolescent1 du pays (inspiré d’un modèlefrançais), à Charleroi, a encore une odeur de peinture fraîche. Alberto Mulas, son directeur, insiste sur l’aspect innovant de ce projet, qui, en cas de succès, pourraitêtre transposé.

A la Mado (surnom de la Maison de l’adolescent), on parle de tout, sans tabou. De suicide, de sexualité, de relations conflictuelles avec les parents et de bien d’autres sujets. Un publicde 11 à 25 ans y est reçu quotidiennement. A Charleroi, il y a pléthore de services à destination des jeunes, alors pourquoi cette nouvelle initiative ? Alberto Mulasl’explique simplement : « Cela fait plus de quatre ans que le secteur réfléchit à la transversalité. Il faut coordonner et articuler, tout le monde le dit. Lessecteurs sont très spécialisés, alors il est difficile de rencontrer les problèmes des ados qui, par essence, sont multifactoriels. Nous ne sommes pas une couche deservices en plus, la Mado fait l’interface entre ce qui existe déjà. »

Aujourd’hui, une équipe d’assistants sociaux et d’éducateurs reçoit les jeunes et leur propose, en fonction des problématiques, de « piocher »dans la boîte à outils que constitue la Mado. Cette dernière propose une prise en charge globale. Elle réoriente vers des services compétents. La coordinatrice,Marjorie Henriet, nous détaille le fonctionnement de la Maison : « On ne propose pas de suivi à moyen ou long terme. On entend les demandes du jeune afin de l’orienterrapidement, soit vers les partenaires de la Mado, soit vers le réseau plus large des services sociaux. On veut ensuite un feed-back de ces services, car on souhaite savoir sil’orientation était la bonne. » Un trait caractéristique de cette démarche est l’idée de partenariat. La Mado met des salles à disposition despartenaires qui se sont engagés à procéder à des consultations délocalisées. Elles permettent de passer le relais simplement, en douceur et sansstigmatisation. Pour Alberto Mulas, ces partenariats sont plus qu’un changement à la marge : « C’est un renversement, car ce n’est plus le jeune qui va dans un service avec delongs délais d’attente, ici, ce sont les services qui se déplacent et les délais sont plus courts2. »

Autre spécificité, le public visé n’est pas constitué que d’adolescents. Leurs parents peuvent aussi franchir le seuil de l’établissement et être soutenusdans l’exercice complexe de la parentalité. Ils pourront aussi participer à des groupes de parole, à des groupes de soutien (tout comme les adolescents d’ailleurs), avec despsychologues ou des travailleurs de la Maison de l’adolescent ou de services extérieurs.

Lieu de référence pour professionnels

Enfin, les professionnels sont aussi conviés à la Mado. Alberto Mulas insiste sur ce point : « On veut devenir un lieu de référence pour les professionnels,pour qu’ils se croisent et qu’ils discutent. Des groupes thématiques qui partent des expériences de terrain ont été mis en place pour analyser les difficultés etréfléchir à des solutions. Le groupe sur les regards croisés entre Aide à la jeunesse et services aux personnes précaires, par exemple, se réunit dansnos locaux. » (Voir Alter Echos nº 302 : « Charleroi : la transversalité en acte pour les jeunes sans-abri ».) A terme, la Maison del’adolescent lancera des cycles de conférences à destination des professionnels, parmi lesquels ceux du monde de l’enseignement seront conviés.

Avant de lancer officiellement la Mado, Alberto Mulas et Marjorie Henriet ont traversé Charleroi en long et en large, à la rencontre de tous les services du réseau(Santé mentale, Services sociaux, Aide à la jeunesse, etc.), dans l’espoir de mieux cerner les besoins et de se faire connaître. Désormais, l’enjeu principal est que lesadolescents eux-mêmes entendent parler de la Mado. Seuls septante jeunes ont eu recours au service depuis l’ouverture. Pour cela, un vaste plan de communication est prévu. En effet, sila Maison de l’adolescent est agréée par l’Aide à la jeunesse, le pouvoir organisateur est l’Intercommunale de santé publique de Charleroi. Par conséquent, la Madodispose d’un levier puissant auprès de la commune qui s’est engagée à envoyer un prospectus d’information aux 35000 jeunes de la ville…

1. La Maison de l’adolescent :
– adresse : bd Zoé Drion, 1 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 92 53 08
– courriel : maison.ado@chu-charleroi.be
– site : www.lamado.be.
Sur la Cité de l’enfance, lire le cahier Labiso nº 42 : www.labiso.be
2. Parmi les partenaires, on peut citer : IST sida, le Service Tels quels jeunes, le Service jeunesse du CPAS de Charleroi, des psychologues, etc.

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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