Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Une pension familiale pionnière

A Namur, une pension familiale offrira une alternative supplémentaire aux structures d’accueil déjà existantes.

03-04-2011 Alter Échos n° 313

La première pension familiale belge ouvrira ses portes dans deux ans. Cette pension namuroise offrira une formule supplémentaire aux structures d’accueil déjàexistantes. Elle s’inspirera de la pension de famille de Metz (en Lorraine) créée par la Fondation Abbé Pierre, mais le modèle belge reste encore àconstruire.

En 2010, le cabinet du ministre wallon du Logement, Jean-Marc Nollet (Ecolo)1, lance un appel à projet « Habitat durable ». L’idée du CPAS deNamur de créer une pension familiale est retenue. C’est une maison blanche, située dans le quartier Saint-Nicolas, qui accueillera les nouveaux locataires dans deux ans. Elleproposera huit appartements studio privés à la location, six d’une chambre et deux de deux chambres. « Les deux appartements de deux chambres pourront, par exemple,accueillir une mère ou un père isolé accompagné d’un enfant », explique le président du CPAS de Namur, Philippe Defeyt2. Le studio durez-de-chaussée sera, lui, destiné à une personne à mobilité réduite. Dans son studio, chaque pensionnaire aura la possibilité de se faire àmanger, de conserver ses aliments au frais et de faire sa toilette. « Les habitants seront chez eux et conserveront leur intimité. Ils pourront également, s’ils ledésirent, manger en compagnie d’autres locataires dans les espaces collectifs tels que la salle à manger, la cuisine ou le salon. »

Cette pension est destinée à des personnes abîmées par la vie. « Par exemple, une personne ayant vécu dans la rue, ayant vécu des momentsdifficiles ou sortant d’une institution. Mais les candidats devront déjà avoir entamé un parcours de reconstruction », détaille Philippe Defeyt. Certainsseront inscrits au CPAS, d’autres seront au chômage ou travailleront. Difficile d’avoir des critères plus précis. Les personnes choisies devront êtrevolontaires. Il insiste également sur la diversité. « Des pensionnaires de tous les âges, de toutes les origines et de tous les sexes sont attendus. » Cesderniers pourront plier bagage quand ils le désirent. Des associations, services sociaux et autres structures d’accueil repèreront celles et ceux qui pourraient êtreintéressés par cette formule. Ces structures seront des partenaires dans le canal privilégié de recrutement. Elles joueront également un rôle actif ausein même de la pension.

Comme vivre en famille

Le montant du loyer reste encore à fixer, mais il ne devrait pas dépasser pas les 20 ou 30 % du revenu total de chaque habitant. Les personnes chômeuses oubénéficiant du revenu d’intégration continueront à toucher leur revenu au taux isolé puisqu’elles logeront chez elle avec une domiciliation. Ils’agira de leur logement et non d’un hébergement. Mais comme dans toute habitation, il y a des règles. Une charte sera proposée et comprise par tous. « Cesera une ligne de conduite légère et non pesante », confirme le président du CPAS. Il s’agira de règles pour bien vivre ensemble. Des activités encommun seront également organisées comme des repas, des sorties, des visites d’expositions.

Une ou deux personnes seront désignées comme « maîtresses de maison ». Ces dernières joueront un rôle d’encadrement, maisn’habiteront pas la maison. Le CPAS de Namur recherche des assistants sociaux ou des éducateurs d’expérience. Les pensionnaires pourront également être suivispar d’autres services sociaux. Ils recevront, s’ils le souhaitent, une aide pour « bien habiter » leur domicile ainsi que pour une gestion utile de leurénergie. Chaque logement sera équipé d’un compteur électrique et un système de tri ainsi qu’un compost seront, plus que probablement, mis en place.

Cette pension familiale sélectionnée par l’appel à projet « Habitat durable » a reçu une aide de 80 000 euros qui sera affectée auxtravaux de rénovation auxquels s’ajouteront 70 000 euros de fonds propres. Le budget de fonctionnement et son financement doivent, à ce jour, encore êtredéfinis. Le CPAS de Namur a également l’intention de faire une demande de financement spécifique au titre d’expérience pilote. Il y a quelques années,la maison avait déjà subi une série de transformations relatives au découpage de la maison en huit logements individuels. La deuxième phase de travaux, qui aboutiradans deux ans, comprend l’aménagement de ces logements ainsi que celui des locaux collectifs.

1. Cabinet de Jean-Marc Nollet :
– adresse : place des Célestines, 1 à 5000 Namur
– tél. : 081 32 18 11
– site : http://nollet.wallonie.be
2. Philippe Defeyt :
– adresse : rue de Dave, 165 à 5100 Jambes
– tél. : 081 33 73 01
– courriel : philippe.defeyt@cpasnamur.be

Nathalie San Gil Coello

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