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Une Wallonie sans pauvreté en 2025 ?

Fin juin, le Parlement wallon accueillait le Colloque sur le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP)1. L’occasion de rappeler l’ambitieux projet d’une «Wallonie sans pauvreté d’ici 2025 ».

29-08-2005 Alter Échos n° 192

Fin juin, le Parlement wallon accueillait le Colloque sur le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP)1. L’occasion de rappeler l’ambitieux projet d’une «Wallonie sans pauvreté d’ici 2025 ».

Une situation inacceptable

Patrick Avril (PS), qui présidait la commission parlementaire, estime qu’il est « plus que temps d’engranger des résultats sur le front de la lutte contre cetteproblématique.» Il fustige « ceux qui magnifient la sacro-sainte responsabilité individuelle ». Pour lui, c’est méconnaître les situations devécu.

Son plaidoyer est sans équivoque : « Il n’est pas digne de vivre avec un revenu d’intégration lorsqu’on est seul. Il est aussi difficile de « préférer » rester auCPAS ou au chômage, dans la mesure où travailler, pour un revenu à peine supérieur, entraîne souvent une dégradation des conditions de vie. Cettecapacité à composer avec la vie coûte que coûte mérite davantage de gratitude. » Elle mérite aussi des réponses concrètes etadéquates. D’où le travail mené par le RWLP qui « donne la parole aux défavorisés et la confronte à celles des professionnels. »

La pauvreté n’est pas une priorité

Constitué en asbl en février 2003, le RWLP regroupe 22 associations actives dans la lutte contre la pauvreté. Officiellement du moins: on en comptait 40 lors de ses dernierstravaux. Il s’agit de mouvements d’éducation permanente, de maisons d’accueil pour sans-abri ou personnes en difficultés, d’associations travaillant avec les résidents permanentsdans les campings ou avec les Gens du voyage, des entreprises de formation par le travail, des maisons de quartier…

L’objectif du RWLP : faire de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale une priorité politique, tant au niveau régional que national et européen. PourJean-Paul Chamballe, président du RWLP : « S’il y a des personnes en situation de pauvreté, c’est parce que la société est mal organisée ; c’est sans douteaussi parce que la pauvreté n’est pas considérée par beaucoup comme une atteinte aux droits de l’homme. »

Faire valoir ses droits : l’éternel problème

Durant ses travaux, le RWLP s’est penché sur la problématique de l’accès et de l’exercice des droits. La démarche – participative – comptait troisétapes : un état des lieux, une analyse des processus à l’origine des difficultés constatées et les réponses politiques, et enfin une élaboration derecommandations.

L’état des lieux met en évidence :
• un mal-être dans la vie quotidienne qui limite l’horizon à la survie ;
• les rapports difficiles avec les propriétaires, les sociétés de logements sociaux, les médecins, les mutuelles, les employeurs, les banques, les administrations, lajustice, le médiateur de dettes ;
• un sentiment d’abandon, de rejet, de non-reconnaissance ;
• la frustration de devoir toujours être accompagné ;
• l’impossibilité de mener une vie pleine, digne pour soi et sa famille ;
• l’expression d’une réaction aux visages multiples : la révolte, la volonté de changer les choses, d’entrer en dialogue.

L’analyse des processus tournait autour de trois thématiques : l’accès au logement, l’accès à l’emploi et l’accès à la santé. Les constats sontdramatiques. Seules notes positives : l’existence de formules de logements transitoire (bail glissant), l’action des agences immobilières sociales, le logement d’insertion, le rôle desréseaux sociaux qui aident les personnes à reprendre confiance en elles et à retrouver un emploi, ou encore l’existence de maisons médicales offrant une approche large dela santé à un faible coût. Néanmoins, Joseph Charlier, consultant-coordinateur de RWLP, note « l’imbrication de mauvaises conditions de vie en matière delogement, d’emploi et de santé, qui se conjuguent pour maintenir les personnes et leurs familles en situation de pauvreté, et accroître leur fragilité, leur mise àl’écart, leur exclusion sociale. »

Abondance de recommandations

Plusieurs acteurs de terrain et des personnes ayant vécu – ou vivant – ces situations ont apporté leurs témoignages. Les recommandations sont nombreuses, nous enavons épinglé quelques-unes : prévoir le contrôle des loyers et des incitants à la rénovation et l’entretien des logements privés ; faciliterl’accès aux formations pour obtenir un emploi, tant en termes de mobilité que d’adéquation aux besoins et aux capacités des personnes ; enfin, avoir une vision globale desproblèmes de santé ou encore renforcer l’éducation et la sensibilisation à la problématique de la pauvreté. Patrick Avril a émis le souhait qu’unemajorité de ces recommandations soient intégrées dans les plans d’action en matière de lutte contre la pauvreté.

1. Réseau wallon de lutte contre la pauvreté – rue Lemaître, 76 à 5000 Namur – tél. : 087 34 07 79 – fax : 087 34 07 79 – courriel : rwlp@skynet.be

Baudouin Massart

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