Les enfants accueillis dans les familles d’accueil ne sont pas toujours des plus faciles et les familles pas toujours préparées à faire face. La précédenteministre de l’Aide sociale avait déjà plaidé pour plus d’uniformité dans la supervision des familles accueillantes. Son successeur lance un projet pilote.
On ne part pas de rien : un début d’harmonisation a déjà eu lieu là où, auparavant, chaque service de placement familial appliquait ses proprescritères et procédures. Pour être parent d’accueil en Flandre, il faut être majeur, présenter un certificat de bonnes vie et moeurs ainsi qu’une attestationmédicale. Les candidats doivent aussi disposer d’un espace de vie suffisamment grand, offrir un environnement affectif stable, faire preuve de qualités pédagogiques etmaîtriser le néerlandais. Tous les candidats doivent suivre un « training de sélection d’aspirant parent d’accueil », qui consiste en une série decinq à dix cours collectifs (Voir Alter Echos n° 313 du 1er avril 2011 : « Familles d’accueil : un manque criantd’encadrement »). A l’issue de cette formation, un profil de la famille postulante est établi en fonction duquel un enfant peut alors lui être confié.
Le défaut de cette procédure, c’est qu’elle exclut des candidats compétents – notamment les couples travaillant à plein temps – et qu’elle dure au minimumplusieurs mois alors que les files d’attente s’allongent sans cesse.
Dès que l’enfant est confié à une famille, c’est le service de placement familial qui est responsable du suivi. Légalement, ce service est tenu d’entretenir descontacts réguliers avec l’école de l’enfant, sa famille d’origine, la famille d’accueil et l’enfant lui-même. En pratique, la fréquence de ces contacts varie fortementd’une institution à l’autre. L’asbl Opvang rend visite à ses familles d’accueil au moins une fois toutes les six semaines par exemple, alors que son homologue Oikonde Brugge ne le faitqu’une fois par trimestre. Certains services ont systématiquement un entretien séparé avec l’enfant à chaque visite, d’autres non. En 2009, la précédenteministre de l’Aide sociale, Veerle Heeren (CD&V) avait présenté au parlement flamand un plan baptisé « Perspectief ! » visant à uniformiser lesprocédures en la matière et à encourager les différents services de placement familial à collaborer entre eux.
Des enfants parfois difficiles
Bien entendu, c’est surtout lorsque les choses se passent mal entre l’enfant et la famille d’accueil que la nécessité d’un suivi plus étroit se fait sentir. Or unaccompagnateur à plein temps prend en charge vingt-cinq familles, une lourde charge qui ne laisse pas nécessairement beaucoup de place pour une aide ciblée. Ce sont aussi lesaccompagnateurs qui, deux fois par an, sont tenus de rédiger un rapport pour le comité d’Aide à la jeunesse ou le juge de la jeunesse, l’instrument d’évaluation sur labase duquel il sera statué sur l’opportunité de poursuivre le placement.
Certains services ont mis en place leurs propres structures pour assister les parents. Ainsi, l’asbl Mutsaard a instauré une « kinderteam » composée d’un assistantsocial et de plusieurs psychologues. D’autres services s’appuient sur des collaborateurs extérieurs : psychiatres, centres de revalidation et internats. Des « cafés pourfamilles d’accueil » sont même organisés pour permettre aux parents d’échanger leurs expériences. N’empêche : selon une étude menéependant six ans par le psychologue Johan Vanderfaeillie (VUB), il est mis fin de manière prématurée à 44 % des placements en famille d’accueil. Même si l’auteurnuance le chiffre en estimant qu’un séjour, même écourté, en famille d’accueil aura certainement eu une influence positive sur l’enfant, c’est une indication nette dumanque criant d’aide spécifique en rapport avec des problèmes de comportement chez l’enfant accueilli.
C’est ce qui a amené le ministre actuel de l’Aide sociale, Jo Vandeurzen (CD&V), à créer un projet pilote d’aide aux familles d’accueil, avec un budget de 900000 euros. Seizefamilles ont bénéficié depuis l’année passée d’un soutien intensif durant quatre mois. Des accompagnateurs expérimentés sont venus donner dix sessionsà leur domicile. Ce suivi individuel est combiné avec des sessions collectives au cours desquelles chacun peut échanger son expérience avec les autres. Les premiersrésultats sont plus qu’encourageants : soit les parents concernés arrivent à mieux asseoir leur autorité, soit les comportements à problèmes ontdiminué. La plate-forme du secteur, « Pleegzorg Vlaanderen », espère donc que ce projet-pilote sera élargi dans le futur.
D’après De Morgen et De Standaard