Une toute nouvelle équipe d’intervention mobile en santé mentale (Emism) vient d’être mise sur pied à Namur. Objectif : soulager les médecinsgénéralistes et éviter des hospitalisations inutiles.
Dans les locaux de l’Emism, à Namur, on attend avec une certaine impatience les premiers coups de fil. Deux assistants sociaux, trois psychologues à temps partiel et unpsychiatre composent la petite équipe d’intervention mobile en santé mentale. Disponibles 7 jours sur 7 et 24 h sur 24, les travailleurs sont là pour intervenir en cas desituation de crise comme, par exemple, une tentative de suicide. « Je ne sais pas encore quels types de cas nous aurons à traiter, remarque Hélène Dehareng,l’assistante sociale qui répond au téléphone ce jour-là. Mais mon expérience dans le secteur de la santé mentale à Namur m’a montré que, dansle fond, il y a peu de cas vraiment lourds. On rencontre beaucoup de personnes qui souffrent de solitude. Elles ont juste besoin d’être écoutées, orientées. Mais si ellesne sont pas aidées, alors la situation peut se dégrader rapidement. »
Le numéro de téléphone de l’Emism ne s’adresse pas directement au public, mais aux professionnels de la santé et du social. Cette initiative, entièrementfinancée par la Province de Namur, répond à une demande des médecins généralistes qui se sentent souvent dépourvus face aux patients en crise. Latoute nouvelle équipe travaillera aussi avec d’autres intervenants de première ligne, comme les éducateurs de rue. « Lorsqu’un patient téléphone àson médecin en pleine consultation, celui-ci n’a pas nécessairement le temps de l’écouter », observe Hélène Dehareng. Et peu de services peuvent lesépauler dans ces situations critiques. « Il existe bien sûr des services de santé mentale à Namur, mais ils sont débordés et ne peuvent agir dansl’immédiat de la crise. Par ailleurs, ils ne sont ouverts qu’en journée tandis que nous sommes disponibles 24 h sur 24. »
Faute de temps et de ressources, les médecins n’ont parfois d’autres solutions que de se tourner vers les services hospitaliers. En agissant en amont, l’objectif de l’Emism estd’éviter des hospitalisations inutiles. Mais leur travail s’arrête là. « Après, nous passerons le relais aux services de santé mentale avec lesquels nousallons travailler en réseau. C’est une relation win-win. Les services de santé mentale sont trop débordés pour gérer les crises. Et nous avons besoin d’eux pourassurer le suivi. »
Santé mentale à domicile
« Le projet Emism permet d’éviter des hospitalisations. C’est moins coûteux et ça permet de dédramatiser la situation », résume DelphineDehareng. Dans ce sens, ce projet s’intègre dans une évolution plus générale du secteur pour favoriser la prise en charge préventive des patients dans leur milieude vie. C’est d’ailleurs un des axes mis en avant par la réforme fédérale des soins de santé mentale. « Travailler avec les intervenants de premièreligne permet d’améliorer l’accessibilité des soins auprès des patients. C’est plus facile d’aider la personne quand on travaille avec des gens qui lui sontproches », commente Christiane Bontemps, présidente de l’Institut wallon pour la santé mentale.
Emism s’inspire de services mis en place à Paris et à Genève. Il n’existe pas de formules identiques en Belgique. En revanche, plusieurs initiatives s’inscrivant dans lamême philosophie ont vu le jour ces dernières années. On peut citer, par exemple, les services de soins psychiatriques d’aide à domicile (Spad). Ou encore le projet piloteEole, un service d’appui et d’orientation téléphonique pour les professionnels confrontés à des problèmes de santé mentale. En place depuis plusieursannées déjà à Bruxelles, une ligne vient d’être ouverte dans la province du Luxembourg.