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Regard critique · Justice sociale

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"Usage de drogues et prévention, réduction des risques et travail en réseau"

15-11-2002 Alter Échos n° 112

Ce vendredi 25 octobre au campus provincial à Namur, se tenait un colloque des associations partenaires de la Coordination Sida Assuétudes1 (avec le SEDS2). L’objectif étaitde s’interroger sur les pratiques en matière de prévention des assuétudes et sur les enjeux sous-jacents. En toile de fond, l’avant-projet de décret du ministre wallon desAffaires sociales et de la Santé, Thierry Detienne, concernant l’agrément et le subventionnement des réseaux de soins et services spécialisés en matièred’assuétudes.
Peur et norme
Pour témoigner de sa pratique en matière de prévention, C. Ketels, de l’asbl Zéphyr de Sambreville a parlé du contexte social « qui mène de plus enplus dans une impasse relationnelle, liée à un tissu social en déliquescence et responsable d’une montée des conflits. Le jeune a peur et rencontre la même peur chezl’adulte. Or l’accompagnement de l’adulte est capital. Celui-ci doit pouvoir sortir de sa peau et choisir sa propre représentation de l’existence, ainsi que sa propre éthique. Le jeunea besoin d’une information pour consommer en connaissance de cause. Une direction ou une ébauche de direction est nécessaire: pas une liberté totale, mais une autonomie.L’adolescence rime mal avec l’acception de normes. La société de consommation associée à l’absence de valeurs piège l’adolescent qui cherche alors des satisfactionspassagères et agréables, fussent-elles artificielles. Dans ce contexte, il est capital d’insuffler un projet de vie. »
Olivier Foibert de l’asbl « Le Répit » de Couvin a quant à lui parlé d’une tendance à la judiciarisation. « Les interventions ponctuelles cherchentà faire peur, mais en réalité produisent l’effet inverse. Signaler les comportements suspects n’entraîne que la méfiance et risque d’anéantir les effortseffectués sur le terrain. De même la proposition de loi sur le cannabis engendre le flou dans la population. Actuellement, des adolescents jouent avec la loi et d’autres sont malinformés. De plus, il y a des variances d’un parquet à l’autre. On se trouve aussi face à un manque de cohérence sur le terrain, du fait de sources de financementdifférentes, de philosophies spécifiques et de la précarité des emplois dans le secteur, alors que l’on travaille dans le long terme. Il y a une foule d’interventionscontradictoires, des violences invisibles quotidiennes, ainsi qu’une incompatibilité entre une orientation préventive et sécuritaire. Les réseaux locaux et supra-locauxdoivent s’intensifier et une reconnaissance financière est nécessaire. »
Du mal à se mettre dans la peau de l’autre
Le concept de réduction des risques (RDR) a été abordé par plusieurs intervenants. Sophie Lacroix, médecin généraliste et responsable du réseauAlto, a expliqué le projet pilote autour de Namur. Il a pour but de promouvoir la réduction des risques des usagers, en inversant les rôles médecin – usager. L’usagerexpert en sa pratique et formé se rendrait au cabinet du généraliste afin de le sensibiliser et de le former. À ce jour, une étude de faisabilité et uneétude des besoins des publics ont révélé de part et d’autre une difficulté face au concept de RDR. Tant les usagers que les médecins éprouvent desdifficultés à envisager une inversion des rôles. Ce qui force le réseau à reconnaître la nécessité d’un travail sur les stéréotypeset autres représentations dans le chef des médecins et des usagers.
La population visée étant très peu touchée par les campagnes classiques, les opérations « Boule de neige » ont étéprésentées par L. Di Bari, de Phénix. Elles consistent en un recrutement d’usagers ou ex-usagers de drogues, pour amorcer « un processus d’apprentissage mutuel en ruptureavec le schéma classique du maître disposant du savoir et de l’élève ignorant, pour susciter un échange de savoirs ». Les jeunes ainsi recrutés sontrémunérés pour leur travail qui consiste à effectuer des entretiens avec des usagers sur les risques encourus (sida, hépatites, overdoses, risques liés aupiercing) et à ramener des réponses aux questionnaires pour chacun des usagers rencontrés.
1 Coordination Sida Assuétudes, Résidence Le Val, rue Château des Balances, 3/13 à 5000 Namur, tél.: 081/72 16 21, fax. 081/72 16 20, e-mail:sida.toxicomanie@province.namur.be
2 SEDS, tél. : 081/72 95 57, fax : 081/74 56 82, e-mail: seds.rencontresduvendredi@province.namur.be

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