Paul Furlan1 (PS), ministre de la Ville de la Région wallonne, vient d’organiser un colloque intitulé « Bassin de ville, bassin de vie ». Sonobjectif : recueillir le sentiment de la société civile et des différents niveaux de pouvoir sur ce que devrait être la politique de la ville en Wallonie.
Organisé les 6 et 7 octobre derniers, ce colloque a été précédé d’une conférence de presse quelques jours plus tôt, au cours de laquelle PaulFurlan a fait état de ses motivations en expliquant qu’une politique de la ville existe bel et bien en Wallonie. « Mais cette politique est jusqu’à ce jour restée assezdisparate car impliquant un ensemble de compétences et de moyens budgétaires éclatés entre les différents ministres du gouvernement », a-t-il expliqué.Face à ce constat, l’élu socialiste a fait remarquer que « ce dont notre région a besoin, c’est d’une coordination de l’ensemble des politiques inhérentes àla ville et des actions qui en découlent, qu’elles existent ou qu’elles restent à initier ». Un rôle taillé sur mesure pour le ministre de la Ville, qui anéanmoins pris certaines précautions : « Mon ambition n’est pas de concentrer l’ensemble de ces thématiques en un super-ministère qui imposerait son point de vuepour tout point relatif au fait urbain mais bien de mettre en place une véritable politique transversale de coordination », a-t-il ajouté.
Six thématiques pour un modèle
C’est dans cette optique que le colloque a été organisé. Ces deux jours de travail ont été préparés par un groupe plénier (composé del’ensemble des administrations du Service public de Wallonie) qui a délimité six thématiques sur lesquelles les participants se sont penchés (voir encadré). «Il s’agit pour moi d’un enjeu politique fondamental, explique le ministre, contacté à la suite du colloque. Ce colloque constitue un point de départ, l’objectif est de construireun modèle sur base d’une réflexion avec les ministres, les différents niveaux de pouvoirs, la société civile. Tout le monde a eu l’occasion de s’exprimer.»
Les thématiques des six ateliers :
• l’approche transversale et intégrée comme caractéristique fondamentale de la politique de la ville ;
• la ville rayonnante et attractive ;
• la dimension sociale et collective de la politique de la ville : cohésion sociale et participation ;
• sources de financement et moyens d’action ;
• ville et attractivité : la ville comme cadre et lieu de vie ;
• ville et mobilité.
Le ministre a d’ailleurs déjà pu tirer quelques enseignements des débats, même s’il reste prudent puisqu’il a invité l’ensemble des administrations àproduire une synthèse, une conclusion des travaux2 qui servira de base à l’élaboration d’une stratégie. « Je ne peux bien sûr pas préjuger desconclusions, il faut attendre. J’ai voulu quelque chose de participatif, ce n’est pas pour ensuite imposer mes vues, continue Paul Furlan. Mais j’ai néanmoins assisté aux deuxjournées de travail et ce qui en ressort me conforte dans mes opinions. »
D’après lui, la réflexion à mener nécessitera tout d’abord d’envisager l’utilité d’une collaboration horizontale, pour dépasser les frontièresgéographiques de la ville et tendre vers les bassins de vie. Ce qui impliquera de travailler non plus sur base d’un concept administratif ou géographique mais sur base de projets etd’encourager notamment la solidarité, la cohésion territoriale. « Cela implique que l’on aménage le principe d’autonomie communale, notamment en termes de financement oud’abandon de compétences, explique-t-il. Il y a un large consensus qui reste à construire, il s’agit de vaincre certains égoïsmes. »
Il faudra également améliorer la coopération verticale, nécessitant une collaboration et une coordination entre les différents niveaux de pouvoirs tout en yincluant le citoyen. « Ce qui appellera une modification du schéma institutionnel intra-wallon ». Enfin, il faudra créer une coordination trans-sectorielle,décloisonner les administrations afin qu’elles puissent collaborer sur des projets transversaux.
Un « Plan Marshall » urbain
Le projet est donc ambitieux. Il faut dire que Paul Furlan plaide plus globalement pour ce qu’il appelle un « Plan Marshall urbain ». « Il faut une « deuxième jambe » auPlan Marshall qui concernerait la ville et le développement territorial, explique-t-il. Car, selon moi, envisager le développement économique sans ces paramètres estcompliqué. »
Notons que les actes du colloque devraient être disponibles pour la fin de l’année.
1. Cabinet de Paul Furlan :
– adresse : rue du Moulin de Meuse, 4 à 5000 Namur
– tél. : 081 23 47 11.
2. Une « pièce à casser » sera renvoyée vers les participants au colloque qui pourront valider, ou pas, les conclusions.