La fameuse étude sur le vieillissement des travailleurs handicapés en ETA (entreprise de travail adapté) commandée par la Febrap1 (fédérationbruxelloise des entreprises de travail adapté) a enfin été présentée ce 5 octobre.
Si Alter Échos avait déjà eu la primeur de quelques « fuites » cet été (voir nº 298, « Vieillissement en ETA : l’étude fait son chemin« ), le documentqui a été remis pour l’occasion est plus substantiel. « Gagner sa vie, gagner des années. Et après ? » tente d’abord de dresser un état de laquestion du vieillissement des travailleurs handicapés en ETA. Dans un deuxième temps, l’ouvrage dégage des pistes d’action concernant l’après travail des personneshandicapées et ce qui peut être également fait pendant que les travailleurs sont encore actifs au sein des entreprises afin notamment de les maintenir au travail.
Des inégalités sociales
Si les chiffres du vieillissement en ETA sont connus, Bernard De Backer, chercheur à l’Apef (Association paritaire pour l’emploi et la formation) et auteur de l’étude, note que c’estle cumul et l’association de diverses variables qui peuvent rendre le vieillissement des travailleurs handicapés particulièrement problématique. Activité au sein des ETA(postes plus ou moins pénibles), types de handicaps, vie individuelle et sociale des personnes en dehors des ETA (l’insertion en dehors du milieu de travail apparaît comme un facteurtrès important pour bien effectuer le passage vers la retraite) sont ainsi cités. « Il existe également de grosses inégalités sociales au sein deshandicapés, affirme à ce propos Bernard De Backer. On considère souvent le handicap comme quelque chose en soi, qui gomme les différences de conditions, alors que ce n’estbien sûr pas vrai. »
Résultat des courses, les travailleurs handicapés semblent inégaux face au vieillissement et aux risques qu’il induit. Des risques qui peuvent concerner leur activitéprofessionnelle, leur vie privée en dehors de l’ETA et la cessation de l’activité en ETA. L’étude pointe d’ailleurs à ce propos de grosses craintes, voire des angoisses dela part des travailleurs, motivées par plusieurs facteurs tels que la perte du lien social, la perte de ressources financières, les difficultés face à la gestionadministrative ou encore la peur de l’ennui.
Une cellule inter-ETA ?
Dans ce contexte, des pistes de travail sont suggérées. Au sein des ETA, l’adaptation du poste de travail (voir le changement) est ainsi évoquée, de même que lacréation de « cellules de maintien » ou la réduction du temps de travail. « Il faudrait aussi créer une cellule inter-ETA, ajoute Bernard DeBacker. Celle-ci pourrait aider les gens à préparer la sortie ou les aider d’un point de vue administratif. » À l’extérieur des ETA, des actions desensibilisation, dont la Febrap se ferait le relais, sont aussi notamment suggérées.
On le voit, ces pistes ne sont pas nouvelles, mais l’ouvrage a le mérite de formaliser les choses. Et le temps presse. Deux chiffres pour illustrer la situation : il y aurait aujourd’huienviron 100 travailleurs handicapés en congé de maladie ou de longue durée dans les ETA. Deuxièmement, le nombre de « sorties » de travailleurs dansles ETA était de 302 en 2008. Un chiffre qui comprend 203 sorties pour des motifs non précisés. De là à penser que ces deux données puissent concerner destravailleurs handicapés fatigués avant l’heure, il ne pourrait y avoir qu’un pas. Dans les « sorties », le nombre d’entrées en pension et enprépension se monte en effet à respectivement six et trois unités pour la même année…
Quoi qu’il en soit, l’étude va permettre à la Febrap de travailler sur le sujet. Les pistes évoquées risquent en effet de jouer sur les finances ou lacompétitivité des entreprises. Ainsi, la réduction du temps de travail pourrait poser question si l’on veut bien se rappeler que les ETA sont tenues par un« quota » de travailleurs handicapés subsidiés qui s’élève à 1 450 pour Bruxelles. Problème : un travailleur fonctionnant àtemps partiel compte autant dans ces quotas qu’un individu à temps plein. Dans ce contexte, Benoit Ceysens, président de la Febrap, nous apprend qu’une piste actuellement sur la tableconsisterait à compter les travailleurs de plus de cinquante ans en équivalent temps-plein. Il nous confirme que la Febrap a rendez-vous ce mois -ci avec Évelyne Huytebroeck(Écolo), ministre bruxelloise de l’Aide aux personnes handicapées, afin de discuter des pistes de travail. Celle des « cellules de maintien » aurait notamment lacote pour ce qui concerne le futur décret inclusion.
1. Febrap :
– adresse : rue Trassersweg, 347 à 1120 Bruxelles
– tél. : 02 262 47 02
– courriel : info@febrap.be
– site : www.febrap.be
2. Apef :
– adresse : quai du Commerce, 48 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 250 38 57
– courriel : info@apefasbl.org
– site : www.apefasbl.org