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Regard critique · Justice sociale

Vingt recommandations pour doper l'enseignement et la formation en prison

La Fondation Roi Baudouin vient de publier une série de vingt recommandations pour une amélioration de l’enseignement et de la formation en prison en Communautéfrançaise.

14-03-2010 Alter Échos n° 291

La Fondation Roi Baudouin1 vient de publier une série de vingt recommandations pour une amélioration de l’enseignement et de la formation en prison en Communautéfrançaise. Ces suggestions constituent la suite logique d’une étude exploratoire menée sur le sujet de janvier à mars 2008.

Pilotée par une équipe du Centre de recherches et d’interventions sociologiques (Cris)2 de l’université de Liège, l’étude exploratoire avaitété menée dans 14 prisons de la Communauté française. On se souvient qu’à l’époque, les chercheurs en charge du projet avaient pointé du doigtle manque de coordination supra-locale de l’enseignement et de la formation en prison. Dépendante du dynamisme ou de la bonne volonté des opérateurs locaux, partagée entreCommunauté française (pour l’enseignement) et Régions (pour la formation), l’offre en la matière est par conséquent très peu homogène et secaractérise de surcroît par un climat de méconnaissance entre les différents acteurs impliqués.

« Nous nous sommes rendu compte au cours de l’étude que les différentes sphères actives en prison (le secteur associatif, l’administration fédérale,l’administration de la Communauté française) se connaissaient bien en « intra », au sein de chaque secteur. Mais dès qu’on les a mis en contact, c’était commes’ils apprenaient à se connaître, déclare Frédéric Schoenaers, professeur de sociologie à l’université de Liège et promoteur du projet derecherche. Dans ce contexte, la première recommandation importante que l’on peut faire, c’est de mettre en place un protocole d’accord interministériel qui, en tant qu’outilstratégique transversal, permette une politique cohérente en ce qui concerne l’enseignement et la formation. » À l’heure actuelle, ce protocole serait en cours denégociation ; un protocole qu’il faudra ensuite opérationnaliser, notamment en ce qui concerne la CAAP (Coupole de coordination des associations actives en prison) qui existe depuisdébut 2008 mais qui, faute d’accord sur le protocole, n’a pas encore pu donner sa pleine mesure.

Néanmoins, concernant ces velléités d’homogénéisation, Fréderic Schoenaers reste prudent : « Nous ne disons pas non plus qu’il faut remettre encause la capacité créatrice locale. C’est quelque chose qu’il convient de conserver. »

Vers des bassins géographiques ?

Deuxième grosse recommandation : renforcer le suivi individuel de l’enseignement ou de la formation d’un détenu au travers du plan de détention. Pour rappel, la loi deprincipes du 12 janvier 20053 prévoit la mise en place d’un plan de détention contenant « […] un schéma du parcours pénitentiaire, les initiativesaxées sur la réparation des dommages ainsi que les activités auxquelles le détenu participera. » Or dans le schéma d’offre éclatée que l’onconnaît actuellement, c’est ladite offre d’enseignement ou de formation présente dans telle ou telle prison qui conditionne ce que le détenu pourra faire ou pas. Un constat queFrédéric Schoenaers propose d’inverser. « On pourrait tenter d’aller vers une stratégie individualisée du plan de détention, ose-t-il. On pourrait organiserles prisons en les spécialisant dans tel ou tel domaine d’enseignement ou de formation, au sein de sortes de bassins géographiques. Les prisonniers seraient donc orientés versl’une ou l’autre d’entre elles en fonction de leur choix d’enseignement ou de formation. Bien sûr, ce serait une sacrée révolution, même si nous ne mettons pas en cause leprincipe qui veut que la prison soit un lieu d’exécution de peine. Mais pourquoi ne pas en faire également un lieu utile ? »

Des liens avec l’économie sociale

Pour conclure, notons également que la recherche exploratoire préconisait le « raccroc » de la formation en prison au secteur de l’économie sociale. « Depuislors, s’il y a bien eu quelques exemples de liens entre des structures d’économie sociale et le milieu carcéral, cela reste très local, il n’y a pas de suiviintégré du sujet », conclut Frédéric Schoenaers, qui avoue également ne pas avoir exploré le fait de savoir si les fédérationsd’économie sociale seraient preneuses d’une telle initiative si celle-ci devait se généraliser.

1. Fondation Roi Baudouin :
– adresse : rue Brederode, 21 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 511 52 21
– courriel : info@kbs-frb.be
– site : www.kbs-frb.be

2. Centre de recherches et d’interventions sociologiques (Cris) :
– université de Liège, Institut des sciences humaines et sociales
– adresse : bd du rectorat, 7 bât. B31 à 4000 Liège
– tél. : 04 366 27 56
– site : www.cris.ulg.ac.be
3. Qui définit les droits et les devoirs internes des détenus et énonce les principes de base de la détention et de l’organisation du systèmepénitentiaire.

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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