La réputation d’Amsterdam, capitale mondiale des homos correspond-elle encore à la réalité ? C’est la question que se posent militants et policiersdevant la recrudescence inquiétante des violences à l’égard des gays, lesbiennes et transgenres que tous observent depuis quelques années. Une discrimination quis’étend désormais à l’école.
Le nombre de plaintes pour agressions homophobes a augmenté de 61 % en trois ans : 487 plaintes en 2010 contre 371 en 2009 et 300 en 2008 ! Les incidents violents ont plusque triplé pendant la même période, passant de 54 en 2008, à 82 en 2009 et 182 en 2010.
Les hommes surtout sont les victimes de ces agressions avec 89 %, le reste se partageant entre lesbiennes (10 %) et transgenres (1 %). Mais comme toujours, le nombre de plaintes estsans doute de très loin inférieur à celui des incidents réels. La dernière enquête complète conduite par la police remonte à 2008. Elle montraitque le lieu principal des agressions homophobes reste l’espace public, suivi de près par le domicile et l’environnement proche de l’habitation. Et des lieux de rencontrespécifiquement homos comme les clubs et cafés spécialisés. Les écoles et les lieux de travail étaient relativement épargnés.
Les transgenres particulièrement exposés aux discriminations
Mais la multiplication récente des faits de discrimination pourrait bien faire mentir ces chiffres. Le Bureau central des Statistiques1 s’est penché notamment sur leproblème du chômage des personnes transgenres. Parmi elles, 62 % ont opté pour la féminisation et 38 % pour la masculinisation. Elles représenteraientenviron 0,01 % de l’ensemble de la population néerlandaise.
Et les résultats montrent que si cette communauté n’était victime que d’environ 1 % des agressions répertoriées en 2010, leur condition socialeest plutôt choquante. En effet, si 40 % d’entre elles présentent un niveau de formation supérieur, plus de 75 % déclarent toutefois un niveau de revenutrès bas. Alors que pour l’ensemble de la population active, ces chiffres sont de 25 % pour les personnes disposant d’un diplôme supérieur et de 40 % pourcelles ayant un niveau inférieur à la moyenne. En outre, un bon tiers vit principalement de l’aide sociale.
Ces chiffres s’expliquent partiellement par leur situation familiale : deux tiers de ces personnes n’ont jamais été marié(e)s et 16 % sontdivorcé(e)s. Dans l’ensemble de la population active – les 15-65 ans – une personne sur cinq vit seule et moins d’une personne sur dix vit de l’aidesociale…
Même si le Réseau Transgenre des Pays-Bas (TNN, Transgender Netwerk Nederland) conteste le nombre de 900 personnes présenté par le Bureau central des statistiques –il en recense environ 3 000 – il confirme que ces personnes font l’objet de discriminations importantes et se déclare « satisfait que cette situation soit enfinreconnue, chiffres à l’appui »2.
Des conseillers homos agressés dans les écoles
Phénomène plus inquiétant, des conseillers de l’association COC ont récemment été agressés verbalement dans des écoles. Cesconseillers viennent dans les écoles sur invitation des enseignants. Ils fournissent des informations sur l’homosexualité, les ressources disponibles pour les jeunes homosexuels.Ils sensibilisent les jeunes aux différentes orientations sexuelles et à la tolérance face à la différence.
Wim Rueck, conseiller de la région de La Haye, a entendu des jeunes d’une classe de secondaire lui déclarer : « tous les homos devraient êtremorts ! » « – Moi aussi ? », demande Wim, s’attendant à ce qu’on lui réponde non ; « oui, vousaussi ! », lui répond un des jeunes… Wilma Ruis, présidente de l’association a vécu une expérience similaire dans une école deRotterdam. Et tous les conseillers font état d’une augmentation préoccupante de l’intolérance vis-à-vis de l’homosexualité dans les écoles.Et aussi du sentiment d’insécurité qu’ils ressentent face à ces agressions verbales en classe. Toutefois, Wilma insiste, tout comme Wim, sur le fait que la seulefaçon de lutter contre cette intolérance est de continuer à sensibiliser les jeunes : « Plus l’homosexualité sera perçue comme normale, moinsil y aura d’agressions », martèlent-ils.
Depuis décembre dernier, le COC, la police et le parquet travaillent ensemble : ils se communiquent mutuellement les plaintes pour agressions homophobes et le suivi judiciaire qui yest donné3.
1. http://www.cbs.nl/nl-NL/menu/…
2. http://transgendernetwerk.nl/2011/11/cbs-transgenders-vaker-werkeloos/
3. http://www.volkskrant.nl/…/OM-COC-en-politie-pakken-samen-geweld-
tegen-homo-s-aan.dhtml