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Une formation de la seconde ou de la dernière chance, c’est ainsi qu’on pourrait qualifier « Visa pour l’emploi », une formation qui a l’ambition de concourir àl’égalisation des chances des femmes face à la formation professionnelle et à l’emploi. Reconnue par le Forem, elle a été mise sur pied en 1995 par Vieféminine1 avec le soutien du Fonds social européen. Namur fait partie des onze lieux d’implantation de « Visa pour l’emploi » en Région wallonne (àcôté d’Arlon, Charleroi, La Louvière, Liège, Mons, Mouscron, Thuin, Tournai, Verviers et Waremme).
Cette sorte de préformation s’étale sur une durée de 6 mois à raison de 4 jours par semaine et de 6 heures par jour (du lundi au vendredi sauf le mercredi) pour concilierla vie familiale tout en se calquant le plus possible sur un rythme de vie professionnelle. Sa spécificité est d’être particulièrement adaptée aux femmes tout enassurant une certaine souplesse lors de contraintes familiales (enfants malades par exemple).
Déconstruction des représentations
« C’est une formation qui permet aux femmes qui n’ont pas d’expérience professionnelle ou qui sont chômeuses de longue durée de se mettre ou de se remettre dans le bain. Lesfemmes apprennent à construire leur projet et à découvrir qui elles sont, explique Pascale Sac, coordinatrice de la formation. Il n’y a pas de test avant l’entrée ni deprérequis exigé mais un entretien pour évaluer la motivation. Les femmes démarrent là où elles sont et peuvent faire émerger leur projet personnel aucours de cette formation. L’objectif est qu’elles retrouvent confiance en elles et découvrent leurs compétences tout en apprenant ou en réapprenant à gérer leurtemps. Il y a aussi le plaisir d’être ensemble, l’apprentissage de la tolérance, l’exercice de la démocratie et la rencontre de l’autre dans le contexte d’un groupe multiculturel.» La spécificité d’un public exclusivement féminin facilite l’expression et la mise en commun de réalités et de difficultés vécues.
Pour ce faire, le programme de formation comporte un total de 517 heures réparties entre des modules de réactualisation des connaissances de base en français et calcul (130heures), construction de son projet personnel et professionnel (30 heures). S’y ajoute un module de sensibilisation aux métiers traditionnellement non féminins (20 heures) où lesfemmes apprennent à déconstruire leurs représentations et à élargir leurs choix en rencontrant des femmes chauffeurs de bus, policiers ou gardiennes de prison. Ledéveloppement des compétences transversales permet aux femmes de mettre en commun leurs compétences comme la danse ou le ponçage des meubles. Le module d’initiationà la vie sociale et culturelle donne l’occasion de découvrir le patrimoine culturel et social de sa ville avec un formateur qui connaît bien le terrain. L’initiation aux nouvellestechnologies permet de se familiariser à l’informatique et à Internet avec un passionné qui avait envie de partager ses connaissances. Le module « conseil coopératif» donne aux femmes un espace pour procéder à une évaluation collective qui est à la fois un temps d’expression et d’appropriation des apprentissages. Un module derecherche active d’emploi est assuré par l’Ilfop (Institut libre de formation permanente de Namur).
Au programme: un stage d’immersion
Outre tous ces modules, les femmes effectuent un stage d’observation ou d’immersion dans le lieu de travail de leur choix. Cela peut aller d’une bibliothèque à une maison de repos enpassant par un fleuriste, un commerce de vêtements ou le centre de tri d’Oxfam. Ce stage totalise 160 heures, réparties en trois temps: une semaine complète, un stage enalternance d’un jour par semaine; pour terminer par deux semaines consécutives. Certaines femmes ont trouvé au bout de leur stage un contrat de travail de vendeuse, d’autres une lettrede recommandation dans le secteur des maisons de repos et certaines ont découvert chez un fleuriste leurs capacités dans l’art floral.
À Namur, la formation a démarré le 15 mai. Le groupe des apprenantes est très métissé. Deux femmes sont originaires du Rwanda: l’une, infirmière,travaille comme aide-soignante et l’autre, qui était journaliste au Rwanda, réalise son stage dans une bibliothèque sociale tout en exerçant la langue française.Une femme originaire d’Ouzbékistan, kinésithérapeute dans son pays, effectue des massages pour des personnes âgées.
Une phase de suivi après la formation proprement dite permet d’accompagner les femmes pendant une formation qualifiante ou dans leur recherche d’emploi. En pourparlers: le recours à unejob-coacheuse d’une association namuroise.
C’est le Forem qui subventionne les formations, ce qui permet à Vie féminine de rétribuer les femmes à raison de 1 euro/h de formation, et d’intervenir dans les frais degarde d’enfants et les déplacements, ce qui évite de grever le budget familial.
1 Vie féminine, place Lilon, 17 à 5000 Namur, tél.: 081 22 68 74, contact: Pascale Sac.