C’est avec le slogan « Restaurer la confiance, prendre ses responsabilités » qu’un nouvel exécutif, fort de dix ministres dirigés par Yves Leterme, apris les commandes du gouvernement flamand. En plus du retour aux affaires du CD&V, et du quasi-monopole du Vlaams Blok sur l’opposition, le nouveau paysage politique est marqué parl’ampleur des compétences dont hérite Frank Vandenbroucke.
Une autre transversalité
En tant que ministre de l’Emploi, de l’Enseignement et de la Formation, il sera également responsable du recyclage, de la formation continuée, de la formation post- etparascolaire, ainsi que de l’enseignement de promotion sociale. Il s’occupera donc au niveau régional d’une partie des compétences qu’il gérait aufédéral jusqu’aux élections (Emploi). Pour les Flamands, cohérence et transversalité se jouent évidemment bien plus entre fédéral etrégional qu’entre entités fédérées elles-mêmes : il va de soi que la notion de double casquette – régionale et communautaire –n’a plus de sens au nord du pays depuis la fusion opérée entre Communauté et Région. Cette cohérence d’un autre type est d’ailleursrenforcée par la présence de Fientje Moerman à l’Économie – poste qu’elle occupait auparavant au fédéral.
La Flandre comme main gauche
Si VDB revient en Flandre, c’est avec l’intention affichée d’y porter la bonne parole de
l’État social actif. Une des traces concrètes en est l’obligation nouvelle faite aux chômeurs, de suivre un projet d’intégration dès leursixième mois d’allocation.
Dans une interview au Morgen du 22 juillet, il esquisse également une différenciation symbolique des rôles dévolus aux diverses entités de l’État. Illes résume, selon une métaphore utilisée en son temps par Pierre Bourdieu dans La Misère du Monde, en termes de main gauche (celle qui donne) et de main droite (celle quipunit). La première serait celle de la Vlaamse Gemeenschap chargée d’aider les citoyens dans leur recherche d’emploi, la seconde étant fédérale etchargée d’imposer règles contraignantes, contrôles et sanctions.
Quant au non-marchand, il échoit principalement à Inge Vervotte, ancienne déléguée syndicale CSC à la Sabena et passée au CD&V il y a moins dedeux ans. Elle hérite du Bien-être, de la Famille et des Soins de santé. À noter la parfaite symétrie de cette nomination avec le choix de Kris Peeters, CD&Végalement, et administrateur délégué à l’Unizo (Union des entrepreneurs indépendants – organisation fédérant tant les patrons dePME que les professions libérales). Dans la même veine équilibriste, on constatera que l’insistance sur le développement de l’esprit d’entreprise va depair avec la promesse de créer 4.000 nouveaux postes dans l’économie sociale.
« Meer Vlaanderen »
Enfin, sous l’intitulé transparent « Meer Vlaanderen » reviennent l’ensemble des revendications communautaires sur lesquelles les partis démocratiquesflamands s’étaient déjà mis d’accord bien avant le scrutin. Elles ne se résument bien évidemment pas à l’agitation médiatique autourde la scission exigée de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvoorde ou à la régionalisation de quelques compétences supplémentaires : un paragraphe moinssouvent évoqué stipule également que le gouvernement flamand ne signera pas la convention-cadre sur les minorités.
On pourrait également y ranger la notion d’Inburgering (« encitoyennement ») qui recouvre l’obligation pour les nouveaux arrivants d’origineétrangère de suivre des cours de néerlandais. Obligation d’ailleurs étendue aux « anciens arrivants » qui seraient minimexés ou chômeurs. Encas de refus, des sanctions administratives sont prévues telles que la privation de l’accès au logement social.