Par Céline Teret – Illustrations de Théodora Jacobs
Contrairement au personnel soignant, les enseignantes ne portent pas la blouse blanche. Tout faire pour que l’enfant s’extirpe, l’espace de quelques heures, de sa maladie, de ses maux. «Pour l’enfant, sortir de sa chambre pour venir ici en classe, c’est un peu comme s’il retrouvait une petite vie normale, des repères familiers, souligne Stella Cacciatore. Et souvent, ils nous disent que le temps passe plus vite ici.»
Sa collègue Béatrice enchaîne: «Ici, ils n’ont pas l’impression d’être dans un hôpital… Et sortir de leur chambre leur permet de sortir de l’inquiétude de leurs parents. La classe, c’est une bulle pour eux. Les enfants sont souvent contents de rejoindre un groupe. Ils se découvrent dans leurs différences, d’âge, de pathologie, d’apprentissage… Et nous, enseignantes, on est très disponibles pour eux. La parenthèse passée ici à l’hôpital doit être un moment où l’enfant ou le jeune peuvent se poser, reprendre un peu confiance en eux. Je tiens vraiment à ce que les enfants soient bien, soient respectés là où ils sont.»
Lien avec l’école d’origine
«L’idée de l’école à l’hôpital, c’est que les enfants malades ne décrochent pas de l’école, poursuit l’enseignante. On assure une continuité avec le travail scolaire entamé par l’enfant dans son école d’origine. Dès que l’enfant a son travail, on peut s’y mettre mais toujours à son rythme. C’est de la gestion au cas par cas.»
Pour assurer cette continuité, collaborer avec l’école d’origine est donc indispensable. Qui plus est, les écoles d’origine restent responsables de leurs élèves, même en cas d’absence pour maladie de moyenne ou de longue durée. Elles doivent assurer le suivi scolaire et la certification de tous leurs élèves. Une obligation aux contours flous, qui génère parfois quelques grincements de dents du côté des écoles à l’hôpital. De l’avis du secteur du type 5, la collaboration est très variable. Certaines écoles d’origine réagissent rapidement et activement, surtout dans le fondamental, d’autres répondent moins efficacement, voire semblent aux abonnées absentes. Christian Lieutenant, «Monsieur Type 5», préfère parler de «coresponsabilité»: «C’est à la fois aux écoles du type 5 d’aller vers les écoles d’origine, de montrer qu’elles sont là, professionnelles, reconnues, et aux écoles d’origine d’assurer leurs obligations légales et de collaborer activement avec les écoles à l’hôpital.»
Du côté de L’Amarelle, Béatrice Grégoire semble dans l’ensemble satisfaite de la réactivité des écoles: «Pour le primaire, ça se fait assez facilement. Pour le secondaire, c’est un peu plus compliqué d’avoir des contacts avec les profs, car ils sont plus nombreux, mais on parvient à avoir une réponse, par téléphone, mail… Et aujourd’hui, les jeunes travaillent de plus en plus via des plateformes numériques scolaires. Ils peuvent avoir accès rapidement à leurs cours et à des exercices en ligne.» L’enseignante d’ajouter: «On a un bon retour des écoles, car tout ce qui est fait ici n’est plus à faire.»