Par Céline Teret – Illustrations de Théodora Jacobs
Retour au 7e étage de l’hôpital de Jolimont. En ce lundi après-midi, Béatrice Grégoire et sa collègue Stella Cacciatore jouent à un jeu de société avec Achille, un petit garçon dont les sparadraps blancs dépassant du col de son tee-shirt laissent soupçonner une récente opération. Sorti il y a peu du service réanimation, Achille passe le pas de la porte de L’Amarelle pour la première fois. Demain, il est prévu que ses parents lui apportent son cartable et des feuilles de cours, pour potasser tout ça ici, dans sa classe de substitution. Pour l’heure, l’intention des deux enseignantes est surtout de faire connaissance avec le nouveau venu et de le mettre à l’aise. «Alors, Achille, dis-moi, quelle est la date d’aujourd’hui?», interroge Stella devant le panneau en feutre rouge affichant les jours de la semaine, mois et saisons. Généralement, cette question se pose en début de journée, avec tous les élèves de L’Amarelle, tel un rituel permettant de faire connaissance. Mais Achille est seul en classe pour l’instant.
«Parfois on a trois enfants, parfois douze, explique Béatrice Grégoire. Quand un enfant arrive, il ne restera pas pour autant toute la journée. Ils partent au compte-gouttes pour se faire examiner, faire un soin, une échographie… Certains enfants de l’hôpital de jour sont juste de passage quelques heures. Ça vient, ça part, ça entre, ça sort. Une journée ne ressemble jamais à une autre. Le mot d’ordre pour nous, enseignantes, c’est l’adaptation.»
L’Amarelle accueille chaque année entre 600 et 800 enfants et jeunes, âgés de 2 ans et demi à 15 ans. «On a de tout, poursuit l’enseignante. Les enfants atterrissent ici suite à un accident de la route, un malaise, une chute, un accident domestique… Toutes sortes de maladies, parfois génétiques, parfois aussi des cancers qui nécessitent des opérations ou traitements à l’hôpital. De plus en plus souvent, il y a des cas de tentative de suicide, des jeunes en détresse psychologique…» Pour les enfants ne pouvant se déplacer, l’accompagnement scolaire peut se faire à leur chevet, dans leur chambre. Pour les autres, c’est en classe que ça se passe. Rien d’obligatoire cependant. Vient qui veut.