Par Céline Teret – Photographies : Médecins du monde/Céline Teret
Chaque semaine, sur base de ce qui a été identifié par l’équipe de l’Adobus les fois précédentes, des demandes exprimées, des besoins ressentis ou encore de l’actualité, une animation est proposée aux élèves du Lycée provincial Hornu-Colfontaine, là, dans la cour. « On met en place des animations sur mesure pour répondre aux questions que les jeunes se posent ou pour mener des débats sur des questions plus larges, explique Guillaume Pique, du Service Santé de la commune de Colfontaine. Ces moments d’échange permettent de réfléchir ensemble. Chaque jeune essaie de trouver ses propres repères et son propre positionnement, dans le respect de l’autre. »
L’animation du jour porte sur « Mon intimité et moi », avec un focus sur les règles. « Les éducatrices de l’école nous ont interpellés sur la question de la précarité menstruelle des élèves. Alors, on a décidé d’aborder ce thème lors de la permanence d’aujourd’hui », lance une animatrice de l’AMO L’Accueil. D’autant que deux jours auparavant, le 28 mai, c’était la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Deux raisons suffisantes pour exposer sur la table un kit de menstruations : culotte menstruelle, serviette hygiénique, cup et tampon se côtoient pour présenter aux ados la diversité des protections hygiéniques.
Lors de chaque permanence, l’animation proposée par l’équipe de l’Adobus est assortie d’un sondage collectif, visant à évaluer le niveau de connaissance des élèves ou à récolter leur avis sur un sujet précis. La pilule contraceptive protège-t-elle contre le sida ? En ce moment tu te sens plutôt : de bonne humeur, neutre, déprimé ? Tu préfères être en couple, célibataire, peu importe ? LGBTQIA+ : c’est clair, je ne comprends pas, c’est trop étrange ? Des questions axées sur l’éducation à la vie reproductive, affective et sexuelle (EVRAS) mais brassant plus large aussi parfois. Les élèves y répondent, les résultats sont analysés et rendus visibles via les réseaux sociaux et sur des affiches placardées dans l’école, le tout accompagné d’éléments d’information et de compréhension. « Les jeunes aiment qu’on leur demande leur avis, explique Marine Salesse, assistante sociale du planning familial La Famille Heureuse. Leur poser une question chaque semaine, c’est une accroche, qui permet de sonder leurs connaissances ou de les questionner sur leurs représentations et leurs habitudes. Et par la même occasion, au travers des échanges, on leur transmet une information fiable. »
EVRAS, mais pas que…
L’équipe de l’Adobus le constate, tout comme l’ensemble du secteur social-santé et jeunesse : la santé mentale des jeunes est fragile. Les voyants sont au rouge, exacerbés par la période Covid. Dans un de ces rapports consacré au projet Adobus, Médecins du Monde l’évoque : « Nous recevons de plus en plus de jeunes avec des troubles anxieux, autodestructeurs ou encore de dépression. La collecte des données actuelle met en évidence un équilibre entre le nombre de demandes relatives à leur vie relationnelle, affective et sexuelle et à leur santé mentale. Les récentes recherches de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Service Public Fédéral (SPF) Santé publique confirment d’ailleurs la réalité de terrain que nous rencontrons. »
L’Adobus est un endroit où les jeunes parlent d’intimité et de relations amoureuses, de contraception et de puberté, mais pas que… « La santé mentale est très présente, confirme Guillaume Pique, du Service Santé. Les jeunes ne nous identifient pas qu’à la santé sexuelle, ils savent que c’est un lieu d’écoute pour venir déposer ce qu’ils veulent. Et ils savent aussi qu’on est là toutes les semaines et qu’ils peuvent revenir quand ils le souhaitent. » Marine Salesse, du planning familial, le partage aussi : « Quand ces jeunes ressentent un mal-être, en général, ils ne savent pas trop à qui s’adresser. Quand ils n’ont pas le moral ou rencontrent des situations de violences ou de harcèlement, on est là pour ça aussi. »