Par Céline Teret – Photographies : Médecins du monde/ Céline Teret
Aller au plus près de jeunes, là où ils se trouvent, telle était l’un des leviers identifiés par la commune à l’époque. D’autant que le planning familial le plus proche est situé à Frameries, soit à une demi-heure en transports en commun de Colfontaine. D’autant, aussi que pour ces jeunes s’adresser à un service d’aide et de soins n’est ni facile, ni dans les habitudes. « Ce sont des lieux qui leur paraissent très éloignés de leur quotidien, ils n’y ont jamais mis les pieds, ils ne voient pas où ça se situe, ils ne savent pas à quoi ça sert, souligne encore Guillaume Pique. Ça ne viendrait pas à l’idée de ces jeunes de franchir la porte d’un centre de planning familial, ils pensent que ça ne les concerne pas. Avec ce projet, on démystifie, on casse un peu la distance qui existe entre ces services d’aides et les jeunes, en en allant vers les jeunes et en parlant leur langage. »
Marine Salesse du planning familial le constate également : « L’Adobus permet de redorer le blason des institutions, de montrer qu’une psychologue ou une assistante sociale peut apporter un soutien, que les jeunes peuvent se tourner vers nous. L’Adobus, c’est aussi une porte d’entrée pour un suivi plus régulier si nécessaire. » « Être mobile et être régulier, c’est la clé pour entrer en contact avec les jeunes et créer du lien », souligne pour sa part Julie Fontaine, de Médecins du Monde. Gregory, l’éducateur stagiaire, le remarque aussi : « C’est bien qu’il y ait un support permanent, un rendez-vous hebdomadaire. Ils sont habitués désormais, les plus âgés surtout. Les élèves de 1ère et 2e années sont un peu plus gênés, mais à partir du second degré, ça s’estompe. »
Ceci dit, créer du lien avec ces jeunes ne s’est pas fait en un claquement de doigts. « Lorsqu’on a débarqué avec l’Adobus pour la première fois dans la cour, en septembre 2019, ça n’a pas pris tout de suite, poursuit Julie Fontaine. Il a fallu du temps pour que les jeunes nous identifient et se sentent à l’aise. Une fois que le lien est là, il n’y a pas de soucis, ils viennent nous voir assez facilement. » « Oui, je dirais que ça a bien pris une année pour que la confiance s’installe, se souvient pour sa part Marine Salesse du planning familial. Mais maintenant, elle est là. Les jeunes nous connaissent, ils ont l’habitude et ils viennent facilement. » Et sa collègue Sandrine Liégeois, psychologue, d’ajouter : « La confidentialité qu’on propose, ça rassure les jeunes. Il y a aussi une forme de transmission des plus âgés aux plus jeunes. Ça fait désormais partie d’une culture de l’école. »
Dans l’école, mais pas l’école…
Si le Lycée provincial Hornu-Colfontaine est partenaire du projet, l’équipe de l’Adobus n’est cependant pas composée de membres du personnel de l’école. Une condition sine qua non afin de marquer une distance avec l’institution scolaire et avec les parents. Là encore, toute est une question de confidentialité, indispensable pour instaurer la confiance. « On n’a pas un rôle éducatif, on n’est pas là pour les gronder, explique Sandrine Liégeois, la psychologue du planning familial La Famille Heureuse. On est là pour ouvrir une porte d’écoute et d’accueil. » « On crée un contact social que ces jeunes ont peu, souligne pour sa part Julie Fontaine de Médecins du Monde. Et surtout, on met de la valeur à leur parole et à ce qu’ils sont. Et ça, c’est essentiel pour ces jeunes. »
L’Adobus, ce n’est donc pas l’école et c’est identifié comme tel par les jeunes. Ce n’est pas non plus le Centre Psycho-Médico-Social (PMS) de l’école, même si « ce projet vient en complément des services offerts par le centre PMS », fait remarquer Guillaume Pique du Service Santé de la commune. « Le centre PMS de l’école nous est reconnaissant de le décharger des sujets liés à la vie affective, reproductive et sexuelle, ajoute Julie Fontaine. Ça lui permet de travailler sur d’autres questions, sur d’autres urgences. »