Le coup d’envoi d’Interra a été donné fin 2019, juste avant que le Covid ne s’en mêle et n’impose un fonctionnement virtuel pendant quelque temps. «Nous voulions répondre de manière innovante à un besoin pour lequel il n’existait pas grand-chose en Wallonie», poursuit Julie Clausse. L’association bruxelloise Singa, très active dans le secteur, a été l’une des principales sources d’inspiration de l’association et du projet Duo2Change. Mais comme Interra le rappelle, le parrainage citoyen a des origines lointaines: en 1978 déjà, le Canada avait mis en place un programme similaire entre plusieurs centaines de milliers de personnes déplacées suite à la guerre du Viêtnam et les citoyens canadiens. «Pour vivre ensemble, il faut d’abord faire ensemble», commente la cofondatrice.
À côté du projet «duo», l’association propose ainsi les ateliers InterAct – qui visent à valoriser les savoir-faire des personnes primo-arrivantes (cuisine, peinture, foot, danse, tables de conversation…) – et le projet d’incubateur inclusif InterLab. Un ensemble d’initiatives propices à la mise en réseau et à la fluidité des postures. «Nous concevons l’intégration à double sens. Car, pour avoir le sentiment d’appartenir à une société, il faut s’y sentir accepté et valorisé. C’est d’autant plus important d’en prendre conscience que l’immigration ne va pas cesser; au contraire, le réchauffement climatique va accentuer les mouvements de populations. Il faut en prendre la mesure», poursuit Julie Clausse, qui se réjouit du soutien que les pouvoirs publics ont apporté à l’association. Tous niveaux de pouvoir confondus (local, provincial, régional, communautaire et fédéral), les subsides publics représentent aujourd’hui 80% du budget d’Interra, passé en seulement trois ans et demi d’un employé à une équipe de dix personnes. Une croissance rapide, qui exige aujourd’hui de pérenniser le modèle. «Nous voudrions aussi étendre l’initiative à d’autres villes wallonnes», confie Julie Clausse. Car le problème des couloirs parallèles dans lesquels évoluent primo-arrivants et locaux est partout présent. «Au-delà de la problématique de l’immigration, il y a aussi cette réalité d’un individualisme de plus en plus généralisé: dans les magasins, ce sont les self-scans, dans les services publics les call centers… Je pense qu’il faut continuer à se parler, car sinon, on va vraiment finir par avoir peur de son voisin de palier.»