Le centre ASD de Gedinne a constitué une équipe de 10 volontaires sur la trentaine de personnes que compte le centre pour lancer le projet. L’idée est de l’élargir dans les prochains mois à l’ensemble du personnel, à la suite d’une prochaine évaluation interne.
Chaque membre de cette équipe de volontaires a un rôle bien précis: organisation de réunions, planification des tournées, contact auprès des médecins ou des aides familiales… Toutes les décisions sont discutées et adoptées en groupe, selon la méthodologie de la «sociocratie» qui place le consentement de chacun au cœur de la mécanique du groupe. «Chacun a son mot à dire, il y a davantage de respect, moins de frustration, témoigne Julien. Tout le monde participe à la construction du projet, renchérit Séverine, dont le rôle a fortement changé. De cheffe, je suis devenue davantage une facilitatrice.»
Et même si tout le centre n’est pas impliqué dans le projet actuellement, il y a une influence incontestable sur l’ancien modèle d’organisation. «Sans le vouloir, les aspects positifs de ce projet ont aussi des effets dans l’ancienne organisation puisqu’on vient régulièrement apporter du soutien lors de leurs tournées à nos autres collègues, ceux qui ne font pas partie du projet, justement grâce à ce nouveau mode de fonctionnement», ajoute Julien.
Et même si tout le centre n’est pas impliqué dans le projet actuellement, il y a une influence incontestable sur l’ancien modèle d’organisation.
Un mode de fonctionnement qui a surtout resserré le lien entre les équipes. «Renforcer les liens renforce l’entraide. C’est devenu systématique. On s’organise mieux, et cela donne plus de place à l’écoute des besoins des uns et des autres, tout en étant plus autonome», poursuit l’infirmier. «En étant aidée, tu peux aider les autres. En dégageant du temps, les tournées finissent plus tôt», continue Catherine, infirmière à Gedinne depuis trois ans.
Une dynamique qui porte ses fruits, même dans les moments plus difficiles. «J’étais de garde un week-end et je suis tombée malade. En voyant mon état, deux collègues ont décidé de me soulager par rapport aux soins que je devais prester. En temps normal, Séverine serait intervenue, mais, ici, on l’a décidée grâce à cette dynamique de groupe. Il y a une implication de chacun dans l’organisation des tournées et la prise en charge des patients.»
«Ce projet est surtout l’occasion de reconsidérer le passé. Les contraintes existent encore, mais on se retrouve dans un projet où on n’est plus seule. Si pour telle ou telle raison, une collègue a besoin d’aide, on peut l’aider, et, en se retrouvant à deux sur une tournée, on a le temps de mieux aborder les choses, insiste Joëlle, infirmière au centre de Gedinne depuis trente-quatre ans. Au départ, on partait vers l’inconnu, mais, aujourd’hui, on avance ensemble dans la même direction.» Une recette qui fait souvent les grandes histoires, même dans une région considérée par ces professionnels comme un «désert médical». «On est loin, isolé de tout, et on fait souvent plus que notre job d’infirmière. Il faut souvent bricoler», résume encore Joëlle. Catherine, qui fait le lien entre le projet et les médecins, fait le même constat: «Les médecins sont débordés. Plusieurs vont bientôt prendre leur pension. Les hôpitaux les plus proches sont à 45 minutes. Dinant, Libramont, Godinne… On doit se débrouiller comme on peut.»
Une recette qui fait souvent les grandes histoires, même dans une région considérée par ces professionnels comme un «désert médical».
Pas question de jouer au docteur, pour autant, mais il faut souvent inventer des modes de fonctionnement innovants pour être le plus efficace et réactif possible. «Récemment, j’ai rencontré une situation chez un patient qui était perturbante pour moi, explique Catherine. J’ai appelé son médecin. Sur son répondeur, il demandait un SMS. Je l’ai envoyé, il m’a répondu. On a communiqué comme cela pour suivre le patient. Ce n’est pas forcément l’idéal, mais, en fin de compte, il y a quand même un résultat positif pour le patient, et c’est là l’essentiel.»