Par Sang-Sang Wu -Photographies de Pierre Vanneste
«L’une des conditions pour intégrer un SLS est d’être occupé à mi-temps au minimum. Cela inclut le bénévolat. C’est important qu’ils aient une vie et des interactions. S’ils n’en avaient pas, il y aurait peut-être plus de disputes dues à l’ennui et l’inactivité…», sourit Carol-Ann, en regardant Marjorie et Thomas d’un air taquin. De ce côté-là, pas de risque: tous les habitants de la maison ont un agenda bien chargé. «Le lundi, mardi et mercredi, je travaille à Wavre, au Pas du jour [ndlr: un atelier de formation en cuisine à destination de jeunes adultes ayant un handicap mental léger]. Le jeudi et le vendredi, je suis en ferme, dans un bois privé de Louvain-la-Neuve», énonce le jeune homme.
Quentin se joint à la conversation et explique à son tour ce qui l’occupe en ce moment. Il parle avec enthousiasme de l’essai qu’il doit faire le lendemain à l’Escalpade, une asbl qui comprend notamment une école pour enfants atteints de déficiences physiques. «J’aimerais être bénévole en récréation, pour surveiller les enfants. Je l’ai déjà fait à Basse-Wavre. Et je suis aussi bénévole à l’Arche de Marie [ndlr: un centre de jour situé à Genval].» Si un vaste réseau de services intervenant dans l’inclusion sociale et sociétale des personnes handicapées gravite autour des bénéficiaires du SLS d’Horizons neufs, ces partenariats ne leur permettent pas pour l’heure de trouver un emploi. Il s’agit presque exclusivement de bénévolat.
«La philosophie du SLS, c’est de les impliquer davantage dans le tissu socio-économique de la ville. Mais ça reste très difficile pour eux de trouver du travail… Et parfois même du bénévolat. Faire valoir la personne handicapée est un combat permanent: elle peut être stressée à l’entretien, alors qu’en fait, ça se passerait très bien au quotidien. Après, cela dépend du degré d’autonomie des personnes: certains n’en ont pas assez pour avoir un travail en ETA [ndlr: entreprise de travail adapté]», confie Aurore Bemelmans, responsable du SLS.
Seuls ou en colocation, les bénéficiaires des SLS ont accès à un soutien éducatif limité, mais régulier. Ils développent leur projet de vie personnel en autonomie, épaulés par un éducateur ou une éducatrice qui veillent à leur bien-être physique, psychologique et social. Les professionnels passent donc régulièrement, mais ne sont pas rattachés au logement. «On vient s’assurer que tout se passe bien en semaine, mais il n’y a pas forcément de présence éducative tous les jours, de 10 h à 21 h. Le week-end, on ne passe pas. Mais il y a une garde téléphonique en cas d’urgence», indique Carol-Ann, qui a intégré le service il y a tout juste un an.
Avant cela, la jeune femme travaillait en service résidentiel pour adultes (SRA) au sein de l’asbl. Pour elle, c’est le jour et la nuit. «Le logement en SLS ne demande pas une présence 24 h/24, week-end et jours fériés compris. Ici, les bénéficiaires se gèrent, bien que l’éducateur doive quand même anticiper son absence et s’assurer qu’il y a de quoi manger pour les prochains jours. Mais ils ont la capacité de s’assumer seuls. En service résidentiel, vu la lourdeur des handicaps, j’étais plus dans du nursing. Ici, le temps désigné aux projets est décuplé puisqu’il est plus facile de les concrétiser. Ils sont tous demandeurs de les faire aboutir, la liste s’allonge de jour en jour! Par exemple, Marjo veut repeindre sa chambre en mauve. Personne ne lui a soufflé l’idée, ça vient entièrement d’elle. On a même parfois du mal à les suivre tant ils émettent des idées. Nous, on les aide à se recentrer et à voir ce qu’il est possible de faire, sur les plans strictement physique et matériel.»