Le dernier séminaire du GIRSEF (Groupe interfacultaire de recherche sur les systèmes d’éducation et de formation) de l’UCL portait sur la mise en place de la politique dediscrimination positive dans les écoles de la Communauté française. Marc Demeuse, chercheur au Centre de pédagogie expérimentale de l’Université deLiège, y a exposé les lignes directrices d’un programme de recherche inter-universitaire chargé de fournir les outils de mesure nécessaires à la mise en place, aupilotage et à l’évaluation de la politique ZEP (Zone d’éducation prioritaire) en Communauté française. Pour rappel, cette politique opère, au niveau del’enseignement, une différenciation des moyens en fonction des situations locales. L’objectif est de compenser les inégalités dans la réussite scolaire par une politiqued’équité visant à «donner plus à ceux qui ont moins».
Les critères de choix des «écoles ZEP» sont de deux ordres :
n l’origine socio-économique des élèves;
n le nombre d’années de retard externe (échecs accumulés par l’élève en dehors de l’établissement, ceci afin de ne pas favoriser les établissements enfonction de leur propre retard scolaire).
Au vu de la discussion qui a suivi l’exposé, la mise en œuvre du principe de discrimination positive – et particulièrement la mesure des différences entreétablissements selon les critères retenus – apparaît problématique. La question est de savoir comment identifier objectivement les élèves et les écolesdont les besoins sont les plus importants pour la distribution des moyens votés par le pouvoir politique.
Principal obstacle, la résistance des écoles et des parents lors de la collecte des données servant à qualifier l’origine socio-économique des familles. Faceà cette difficulté, les chercheurs effectuent des mesures indirectes en se référant aux caractéristiques socio-économiques des habitants des quartiers dontsont majoritairement issus les élèves, pour évaluer les besoins des écoles. Mais la mobilité des élèves rend peu fiables de telles mesures, leur lieud’origine ne correspondant pas toujours au lieu d’implantation de l’école. En effet, l’absence d’assignation à fréquenter l’école du quartier étend la baseterritoriale de recrutement des établissements. De plus, la superposition des trois réseaux augmente encore les possibilités des familles,l’hétérogénéité des zones scolaires et donc la difficulté de distribuer les moyens aux établissements abritant les populations les moinsfavorisées.
Enfin, la mesure des différences se limite aux établissements et ne considère pas les implantations réelles alors que le récent mouvement de fusion desécoles a augmenté l’hétérogénéité à l’intérieur des établissements.
Mais plus globalement, le questionnement a porté sur la pertinence de donner des moyens supplémentaires à l’école pour travailler sur des problèmes qui lui sontextérieurs et plus globaux sans que cela ne s’accompagne d’une concertation avec les autres pouvoirs de décision politique, notamment sur des volets comme la politique de la ville ou del’emploi. En définitive, le décret ZEP est apparu comme un «petit décret», avec des moyens relativement limités, qui s’attaque à des problèmesimportants. Aussi, l’absence de coordination avec les autres lieux de décisions politiques (principalement régionaux) le voue à un échec ou à une réussitemitigée.
1 GIRSEF, place Montesquieu 1/14 à 1348 Louvain-la-Neuve, tél. : 010/47 20 66, fax : 010/47 24 00.
Archives
« ZEP : les critères de choix des écoles en question »
Alter Échos
01-03-1999
Alter Échos n° 47
Alter Échos
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